Le grand espace industriel qui s’étend de l’étang de Berre au golf de Fos au large de Marseille génère à lui seul 20 % de CO2 de l’industrie française. C’est donc un territoire prioritaire de décarbonation. On y retrouve l’aéronautique avec les hélicoptères, la pétrochimie avec trois raffineries, la sidérurgie avec Ascometal (reprise par l’italien Marcegaglia) et ArcelorMittal. Une tonne d’acier produite génère deux tonnes de CO 2.
Ce mur de carbone a déclenché une réaction salutaire qui, pour une fois, réunit l’ensemble des industriels au sein d’un groupement (Piicto) , les collectivités locales et l’État. Depuis plus d’un demi-siècle, lorsque les politiques gaullistes ont transformé cette terre de Crau et de Camargue en un port en eaux profondes et une zone industrielle rien n’a bougé. « Les industries industrialisantes » en vogue à l’époque n’ont rien industrialisé et il reste des terrains en friche qui sont aujourd’hui attractifs pour des entrepreneurs de la décarbonisation qui vont produire des panneaux solaires avec une giga-usine ou de l’hydrogène vert qui sera impératif comme combustible pour l’aviation (1,2 % en 2030 pour atteindre 35 % des carburants en 2050). 31 projets sont sur les starting-blocks, ils pèsent plus de 20 milliards € d’investissements. Auquel il faudra ajouter l’éolien en mer méditerranéen dont tous les raccordements au réseau électrique national passeront par Fos-sur-Mer. Un commissaire industrialisateur Régis Passerieux a été nommé et Bercy suit les projets. C’est toute une région qui est en train de bouger à la condition que les citoyens en acceptent les contraintes et que les financements nationaux comme européens soit au rendez-vous.
La transition n’est pas affaire de colibri, c’est une mutation de notre économie, massive et coûteuse. Y sommes-nous prêts ?