La ré-inauguration de Notre-Dame de Paris a donné lieu à un spectacle audiovisuel remarquable faisant vibrer à l’unisson en France et dans le monde tous ceux qui ont vu dans ce monument le symbole de l’Europe, de la fraternité, de la foi.
Sous les voûtes ambrées de la cathédrale retrouvée, après la fête païenne ou laïque, l’édifice affecté à l’Église catholique, « à titre gratuit, exclusif et perpétuel » par la loi du 2 janvier 1907 connut son retour aux offices. Le cérémoniaire devint chef d’orchestre assurant le mouvement des officiants, présidant aux gestes dits « sacrés », veillant à l’harmonie des allées et venues. Le grand couturier Jean-Charles de Castelbajac qui avait déjà officié pour Jean Paul II aux à Journées mondiales de la jeunesse de 1997, avait habillé les clercs de couleurs chatoyantes. Tout fut parfait pour les caméras. Chacun peut apprécier selon ses convictions le sens des reliques, de l’encens ou du saint crème.
Mais le spectacle fut profondément choquant, car sous les chasubles, il n’y avait que des hommes, comme s’il fallait, pour fêter le retour d’un édifice à ses fonctions liturgiques, que les hommes, et les hommes seuls, prennent les choses en main. Il en fut de même lorsque j’assistais à Marseille à la messe du pape François au stade Vélodrome. L’ambiance était, au départ, exceptionnelle, le pape accueilli par un tifo à son effigie, les chants repris par l’assemblée, l’animation joyeuse et puis l’arrivée scénarisée des prêtres, des centaines vers une tribune surplombant le peuple avec une estrade accueillant une centaine de mitrés. Pas une femme, là aussi, elles furent simplement d’habiles petites mains pour distribuer l’eucharistie aux 50 000 fidèles.
Ainsi vont nos frères catholiques, dernier rempart du machisme en aube, résistants aux droits des femmes, arc-boutés à la tradition, célébrant une seule femme, notre sœur Marie, devenue éternellement vierge et pure, inaccessible et maternante.
Et pourtant que seraient les paroisses, la foi, le culte, la chrétienté sans les femmes ?
Écrit pour L’Œil de Réforme du 10 décembre 2024
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