L’argument de la pauvreté de Marseille est l’alibi de toutes les démissions, pour nos édiles ou de tous les mépris (pour la maire d’Aix par exemple). Mais c’est un leurre. Les chiffres de l’impôt sur la fortune publiés par le Figaro, les derniers dont nous disposerons*, sont à cet égard parlants.
Nous avons 3 898 personnes assujetties à cet impôt. Elles ont à Marseille en moyenne un patrimoine imposable de 2,7 millions d’euros. Aix en Provence affiche 1 931 fortunes avec un patrimoine identique.
La Côte d’Azur, qui a la réputation d’un paradis des fortunés, arrive loin derrière. 3 000 personnes paient l’ISF à Nice, 1 500 à Cannes, un millier à Antibes.
Arrêtons donc de faire croire à la « pauvreté » de la Cité phocéenne pour justifier l’impuissance de nos politiques locales. La vérité est que Marseille a retrouvé sa richesse et ses fortunes. Je ne crois pas à la « théorie du ruissellement », mais la présence de personnes ayant dépassé le seuil de l’ISF démontre un dynamisme économique évident.
Par contre, si Marseille a su regagner une classe aisée, même très aisée, elle a gardé ses pauvres et la cité bat les records régionaux de taux de pauvreté. Les chiffres montrent ainsi cruellement que l’alibi de la pauvreté n’est que le cache-sexe de politiques d’exclusions,
Ce que le sociologue marseillais André Donzel** (dont je ne partage pas toutes les analyses) a mis en lumière à de nombreuses reprises avec justesse avec le concept de « métropole duale » : « Marseille, dit-il, c’est d’abord une ville inégalitaire où il y a beaucoup de riches, une ville qui est en train de renouer avec sa stratification sociale du XIXe siècle. Cela devrait appeler plus de régulations ». Donc une politique de mobilité, de construction, d’urbanisme qui s’attaque à ce fossé qui se creuse dans notre métropole.
*L’an prochain, nous aurons les fortunes immobilières et il sera intéressant de comparer les scores avec ceux de cette année. Nos fortunes phocéennes sont-elles rentières ou entrepreneuriales. Réponse l’an prochain !