Le Centre des jeunes dirigeants a voulu clarifier les enjeux des municipales 2020 à Marseille ; il a organisé jeudi 30 janvier en soirée, au Village club du soleil de la Belle de mai une soirée de confrontation des candidats républicains.

Pas question de convoquer les extrêmes et pour ne pas disperser le débat, seuls les cinq premiers ayant répondu à l’invitation ont eu droit à la parole. Deux chefs de files étaient personnellement présents : Yvon Berland et Sébastien Barles. Martine Vassal avait délégué Stéphane Sotto, Bruno Gilles son jeune candidat dans le 6 août Ludovic Perney, conseiller régional, et Samia Ghali avait, au pied levé, envoyé l’avocat François de Cambiaire.
Les deux candidats têtes de liste qui avaient fait le choix de passer la soirée dans l’ancienne maternité de la Belle-de-Mai qui a vu naître 250 0000 petits marseillais, sortent évidemment avantagés de cette confrontation. Stéphane Sotto est très à l’aise sur les problématiques de développement économique et numérique, en phase avec les JD, mais il n’a pas encore endossé les habits d’homme politique.
Notons deux absents dans ce débat. D’abord le bilan : les deux représentants des héritiers de l’ère Gaudin ne revendiquent pas les bienfaits des 24 années de gestion passée, bien au contraire, chacun fait assaut d’une volonté de rénovation, de transformation, comme si Bruno Gilles et Martine Vassal étaient neufs en politique. « C’est une nouvelle ère qui s’ouvre » revendique Stéphane Sotto. Second absent : la métropole qui a pourtant les moyens et les compétences de tous les sujets abordés pendant la soirée et dont personne n’a abordé les questions de pilotage, de gouvernance et de choix stratégiques.
Tous revendiquent l’éthique et la transparence même si le public toussote un peu lorsque les candidats sont mentionnés dans des enquêtes en cours du parquet national financier ou des rapports de la chambre régionale des comptes. Tous veulent aussi à des degrés divers des budgets participatifs, du dialogue constructif et de la coconstruction.
François de Cambiaire représentants de Samia Ghali, s’il est très critique sur les 70 ans passés, a des propositions qui sont souvent à côté de la réalité, comme celle d’une agence foncière alors que l’agence foncière régionale peut faire le job, la proposition d’infrastructures pour la création d’entreprise, comme si Marseille n’avait pas de pépinières ou d’une chambre de commerce de la Méditerranée qui existe depuis des décennies. Il dénonce « une ville en faillite », revendique un retour à l’autorité, un service public qui fonctionne, et place en priorité le combat pour « réduire la fracture entre le Nord et le Sud », en luttant contre la pauvreté.
Ludovic Perney veut lui aussi des choses qui existent comme le guichet unique, antienne de la politique locale économique. Il souhaite la mise en place comme à la Région d’un conseil municipal des jeunes et d’un conseil des sages. « Nous ne voulons pas moins de riches mais moins de pauvres », dit-il.
Stéphane Sotto présente le résultat des réflexions des 400 experts réunis par Martine Vassal pour élaborer son programme. Quatre filières sont ses priorités : un tourisme de qualité qui se spécialise et apporte plus de valeur ajoutée ; une économie de l’innovation où il faut former des jeunes dans un secteur qui croit de plus de 10 % chaque année ; une priorité pour la e‑santé en s’appuyant sur le fort potentiel présent à Marseille Luminy et enfin une valorisation du port et de l’aéroport qui sont insuffisamment intégrés à l’économie locale. « Notre zone de compétition c’est le sud et l’Afrique » et pour renforcer l’attractivité de la cité phocéenne Stéphane Sotto souhaite que l’on s’attaque à la mobilité et au bien vivre avec une ville plus aérée et un enseignement attractif avec notamment une école internationale.
Yvon Berland avait préparé précisément ses réponses et souhaite une spécialisation du territoire autour de ses filières innovantes portées par les pôles de compétitivité. Il ne craint pas d’ouvrir la confrontation avec le pays d’Aix en lançant le projet d’une Green vallée à Château Gombert Saint Jérôme pour accueillir les CleanTech qui sont pour le moment plutôt territorialisées sur la technopole de l’Arbois. Le programme de la liste de la majorité présidentielle s’appuyer sur les industries créatives, notamment l’audiovisuel et sur l’économie résidentielle. Il veut que Marseille porte une croissance inclusive et s’inscrive dans les politiques nationales et européennes de financement en participant à l’appel à projets Green deal. Le fil rouge de sa campagne est la formation : « ce sont les talents qui attirent les talents et qui attirent les entreprises : il faut un choc de compétences et que nous passions de 650 ingénieurs par an à 1 000 ». Il porte le projet d’une grande école inclusive pour former des bacs +2 & bac +3 qui répondent aux 20 000 offres d’emploi non satisfaites sur le territoire.
Sébastien Barles veut faire de Marseille une capitale de la transition écologique et faire de l’écologie une force propulsive pour une nouvelle économie. La liste Debout Marseille veut un changement radical dans la gouvernance, dénonce une « administration locale médiocre » et appelle de ses vœux du contrôle citoyen, des procédures transparentes d’attribution des logements sociaux, des places de crèche et des emplois. La liste verte prône un renforcement de l’Inspection générale des services, l’IGS qui est réduite aujourd’hui à deux agents. Pour garantir une orientation qui permette de faire face au choc climatique en réunissant l’ensemble des acteurs, la liste debout Marseille veux créer un Collège du futur qui garantit l’orientation de la politique municipale. Les filières à créer souvent ex nihilo, s’appuient peu sur le tissu existant pour lequel Sébastien Barles souhaite une stratégie de reconversion. Debout Marseille veut développer des filières d’isolation thermique, d’urbanisme soutenable, d’agriculture urbaine, des métiers liés à la mer et il veut que le numérique s’oriente vers la transition énergétique. Le leader de « Europe écologie les Verts » veut donc une économie de la transition, circulaire et résiliente.
Les entrepreneurs du CJD ont pu ainsi « en live » capter les messages des candidats, jauger les hommes (où sont les femmes ?). Et nombre d’entre eux ont avoué que ce débat serein, sans confrontation, (chaque candidat a pu exposer posément en 4 × 5 minutes ses convictions) a clarifié pour eux les enjeux.