Fukushima : je suis dans une très grande colère. On convoque les Shadocks pour arroser une bombe à retardement, une cinquantaine de sacrifiés se débattent dans une machine infernale, et les responsables pérorent en croyant rassurer alors qu’ils sont morts de peur.
C’est glauque, révoltant, inadmissible. La Japon a connu un tremblement de terre et un tsunami. Il a assumé dignement. Le scandale nucléaire qui advient est notre produit, il est un désastre humain.
Flash-back. Dans les années soixante-dix, je faisais partie du petit nombre de manifestants qui se gelaient dans le brouillard face aux grilles de la centrale de Fessenheim en Alsace. Avec Mick, avec Michel, avec les inventeurs de Radio verte Fessenheim, nous demandions simplement à connaître le plan d’évacuation, hautement confidentiel, de la centrale en cas de problème. Rien n’y faisait, Il fallut Tchernobyl pour y arriver.
Depuis j’ai appris à connaître les hommes et les femmes du nucléaire, des ingénieurs d’une grande qualité, soucieux de sécurité comme tout un chacun, des scientifiques remarquables et des industriels aguerris.
J’ai donc, dans un souci de rationalité, revu mon jugement. Je pensais que face aux énergies fossiles aux dépendances des pays pétroliers, au charbon qui tue nos forêts, le nucléaire pouvait être une source d’énergie propre et fiable. Je n’en fus ni un militant ni un salarié, mais je l’ai admis comme un choix acceptable. Et j’ai cru le discours de sécurité, de fiabilité, de transparence de nos ingénieurs.
Je ne sais s‘ils se sont leurrés eux-mêmes… je veux le croire.
Après Fukushima, on se réveille tous avec une gueule de bois. Comment avons-nous pu croire l’incroyable ? Comment accepter ces diagnostics technico-scientifiques qui s’aggravent à chaque journal télévisé ? Comment accepter que l’on ait joué avec la vie et la santé de cette façon ?
J’en suis personnellement atterré. Nous sommes face à un mensonge historique ! J’ai la même impression que lorsque mes yeux se sont dessillés face à la Chine où j’avais cru percevoir la fin des inégalités, le développement rural, la décision collective et la démocratie ouvrière. J’avais lors d’un voyage en Chine été « promené », « baladé » et comme je voulais le croire je l’ai cru. Le bilan fut rude à avaler.
Le nucléaire me faire le même effet, monstrueux !
Laurent Joffrin l’a écrit très vite, l’industrie nucléaire mondiale est en question.
Il va falloir inventer un monde qui ne dépende, ni de Kadhafi (nos déplacements et nos voyages), ni de Fukushima (nos climatisations et nos chauffages !).
Au boulot !