Mission à Beyrouth du 18 au 25 février 2001 pour Marseille Innovation
« Nous avons fait le pari d’être là pendant la guerre, nous faisons le pari de la paix. » L’engagement inédit, d’un père jésuite dans la construction d’un technopôle et d’une pépinière d’entreprise tient dans cette petite phrase. Le père Bruno Sion, 56 ans, est un homme du nord de la France, neuvième enfant d’une famille de treize, un homme de forte stature, au regard pétillant, discret derrière sa barbe rousse. Mathématicien avant de devenir jésuite, il a choisi le Liban après un premier stage à Kfarfalous en 1983. L’université Saint Joseph, avec l’Hôtel Dieu de France est une institution de poids à Beyrouth. Avec ses 7 400 étudiants, elle contribue fortement à la formation des élites du pays L’enseignement supérieur se partage principalement entre l’Université nationale libanaise, université d’État, l’AUB, American university of Beyrouth, la LAU, Université libano-américaine toutes deux héritées des actions évangélistes américains et l’université orthodoxe de Balamant. Une formation supérieure marquée par les clivages confessionnels, même si la mixité religieuse gagne du terrain.
L’École supérieure d’ingénieurs de Beyrouth est installée dans un campus sur les collines de Beyrouth. Un site remarquable. Luminy qui serait implanté sur la colline de Notre Dame de la Garde. Une vue à 300 degrés sur la capitale du Liban et sur la baie de Jounieh.
« Il y a 26 technopôles en Israël, constate Maroun Asmar, le père de ce projet et un seul au Moyen-Orient arabe, le nôtre ». Ingénieur, il a fait son stage aux chantiers de La Ciotat, professeur, Aroun Asmar a appris depuis plus de 20 ans à travailler avec les jésuites. Patron de tout l ‘enseignement technologique de Saint Joseph, il couve son projet Bérytech. Il surveille le ferraillage des murs, convainc les banquiers, use de ses relations avec le Premier ministre pour que ses jeunes étudiants puissent entreprendre au pays. Pas question d’en faire une annexe de Saint-Joseph. Bérytech veut tisser des liens avec toutes les universités, les ponts sont jetés avec l’Université libanaise, établissement public, avec l’Université américaine, la grande rivale. Des discussions sont en cours avec le Cnrs. « Nous rechercherons l’excellence là où elle se trouve » affirme-t-il.. C’est la Saem de Sophia Antipolis qui conseille Saint Joseph dans l’élaboration du projet. Une consultante française, Jacqueline Lascaux, est en charge du montage et du suivi.
Et Maroun Asmar veut aller vite. Le chantier, est une ruche, les bétonnières coulent le second étage…et la société de gestion du technopôle est en cours de constitution, le tour de table se discute encore et la société immobilière est pour plus tard. La première pierre a été posée le 9 novembre 2000 et le technopôle beyrouthin sera inauguré lors du sommet de la francophonie en octobre. En attendant, c’est Saint Joseph qui offre ses terrains et porte le projet. Le Campus des sciences et technologies de Mar Roukos a de l’espace à revendre. Le bâtiment en V, face à la cité phoenicienne accueillera incubateur, pépinière et hôtel d’ entreprises. Le technopôle sera géré par une société en commandite par action, Bérytech scal, dont le commandité est la Sarl Recherche et développement contrôlée par l’Université Saint Joseph. Le tour de table réunit des banquiers de la place et des entreprises. Projet privé, Bérytech attend de l’État libanais l’implantation de laboratoires de recherches, des facilités fiscales, et des infrastructures de communication. Rafic Hariri, Premier ministre a promis un abattement de 50 % d’impôts pour les sociétés.
« Nous recherchons, indique Bruno Sion, d’une part des porteurs de projets qui vont trouver un environnement technique, scientifique et humain favorable, d’autre part des sociétés internationales. Nous avons 2 000 m² à mettre à leur disposition ». (À un prix compétitif de 165 $ le m2) Quatre secteurs sont visés : les technologies de l’information, les sciences du vivant, les sciences de la terre et de l’environnement, les e‑technologies.