Dossier paru dans le Nouvel Économiste.
À Marseille, la Méditerranée est une évidence. Pour d’autres elle peut être une stratégie, un rêve, un choix. Ici elle est, c’est tout. Et c’est ce qui a fondé Massilia, il y a vingt-six siècles : l’arrivée d’un beau marin grec, Protis, choisi pour époux par la fille d’un chef gaulois, Gyptis. On n’échappe pas disent les psychologues à ce qui vous a fait naître, même 2600 ans plus tôt. Et l’historie de Marseille est celle d’une relation passionnelle, déchirante, avec la Méditerranée. Elle lui doit ses heures de gloire et ses déboires, ses richesses et ses crises. Dans la mémoire des Phocéens, c’est le XIX siècle qui demeure la référence subliminale : la Canebière et ses cafés, la Bourse et ses affaires, le port et ses trafics lucratifs. Ce siècle qui est celui de la colonisation est pour Marseille celui de son apogée. Et pas seulement parce que l’on y commerce. Marseille a toujours su le faire. Mais parce qu’il s’y constitue une véritable industrie. On vient de l’Europe entière, des pays méditerranéens, grecs, levantins, bien sûrs, mais aussi d’Allemagne, d’Alsace, de Suisse pour faire des affaires. « Le port, souligne l’économiste Bernard Morel auteur de « Marseille, naissance d’une métropole »*, n’était pas seulement un lieu de transit, mais un gisement de matières premières. Marseille attirait et suscitait de nouveaux capitaines d’industrie et des banquiers. L’économie marseillaise était industrielle et l’industrie y était puissante. Mais ces industries vivaient du port à travers la première transformation des produits importés et la réexpédition des produits transformés ». Un temps d’opulence qui se construit à l’abri du second Empire et qui accompagne les aventures coloniales. Ce « district industrialo-portuaire » comme l’appelle Bernard Morel va perdurer jusqu’au milieu du XX siècle. La Méditerranée demeure ce « Continent liquide » comme l’intitule Bruno Étienne, prof à sciences po et écrivain, d’où viennent toutes les richesses. La décolonisation des années soixante en sonne le glas. Marseille perd ses fournisseurs et ses clients. Toute une économie s’effondre lentement, mais inéluctablement. (La dernière des huileries marseillaise passait l’an dernier au tribunal de commerce, la réparation navale n’en finit pas de réorganiser à coup d’argent public les lambeaux de ce qu’elle fut). Marseille accueille les pieds noirs, Marseille est le premier sas des migrants maghrébins. La Méditerranée qui était richesse lui apporte « toute la misère du monde », alors qu’elle-même vit une crise économique identique dans son ampleur à ce que la sidérurgie lorraine ou le textile du nord ont connu. Crise économique, mais surtout crise identitaire. Marseille a perdu ses repères, sa boussole, Marseille a perdu le Sud, elle s’est perdue. D’autant que le monde s’éloigne de la Méditerranée. Non seulement les relations sont sensibles avec les nouveaux états de la rive Sud, mais le développement économique mondial se déplace vers l’Asie et le Pacifique.
Le deuil sera long. La fierté marseillaise interdit de reconnaître une blessure, un handicap, un échec.
Au début des années quatre-vingt, des pionniers se proposent de porter un regard neuf sur la rive sud. Daniel Carrière, chimiste de formation revient d’Algérie où il a participé à la reconstruction du pays. « J’étais convaincu, dit-il, que la coopération française faisait fausse route, que les aides parachutées ne permettraient jamais aux pays nouvellement indépendants de décoller ». Avec Paul-Marc Henry, Ambassadeur de France, il crée l’association Échanges Méditerranée. Elle sera le creuset d’une réflexion sur les défis méditerranéens : crise alimentaire dans des pays pourtant riches, explosion démographique au Sud, échanges à sens unique, déficit technologique, coopération officielle coûteuse et inefficace. Un noyau d’intellectuels, d’acteurs de l’économie, de la culture, de la formation va puiser son inspiration dans cette structure atypique, et former un réseau qui aujourd’hui encore partage ces convictions.
Au début des années quatre-vingt se nouent donc les premières relations entre Alger et Marseille. Gaston Defferre et le wali de la capitale algérienne se rendent visite. La municipalité phocéenne organise les voyages du souvenir : des pieds noirs retourner au pays sur la tombe de leurs parents. À Marseille, la semaine d’amitié est l’occasion d’entendre dans des lieux officiels, comme l’Opéra, les musiques arabo-andalouses. L’événement mobilise la communauté algérienne, mais la ville reste encore indifférente.
Il faudra attendre la décennie 90 pour que les attitudes changent, c’est le temps des conversions. Les édiles découvrent, redécouvrent la Méditerranée. Jean-Claude Gaudin débarrassé de son alliance avec le FN initie la Charte du Bassin méditerranéen signée à Séville, la Chambre de commerce de Marseille sous l’impulsion d’Henry Roux-Alezais affirme sa vocation méditerranéenne. Marseille se réconcilie avec sa géographie dans un mélange de nostalgie et de géostratégie : « l’Europe qui s’ouvre à l’est oublie trop son sud » regrette-t-on. La déclaration de Barcelone, en 1995, la création de l’établissement public Euroméditerranée donnent de nouveaux espoirs. Marseille sort d’un face-à-face sans issue avec le Maghreb et s’inscrit dans une politique européenne. « Il y aura, souligne l’économiste André Cartapanis, une capitale européenne dans le Sud. Barcelone a su anticiper, Marseille a encore des chances de le devenir. » Pour Philippe Mano, consultant spécialisé sur la Méditerranée, « Marseille doit être à la Méditerranée ce que Strasbourg est à l’Europe ».
Le discours est consensuel, mais les actes encore timides. Jean-Claude Gaudin a renoué avec Alger les relations initiées en 1980 où il a fait, fin 99, un voyage remarqué avec une délégation de chefs d’entreprise. Depuis les échanges avec les fonctionnaires du gouvernorat du Grand Alger ont repris. Jean-Michel Guénod, directeur d’Euroméditerranée, a tissé des premières relations avec le grand projet urbain d’Alger qui doit donner naissance à un quartier d’affaire dans la capitale algérienne. La coopération décentralisée a fait l’objet d’âpres discussions lors de la préparation du contrat de plan, son budget augmente, mais il reste cantonné dans des limites plus symboliques qu’opérationnelles.
En fait les liens se tissent avec la rive Sud, fruit de relations directes tissées dans les domaines l’économie, de la culture et des savoirs.
Le secteur de l’eau est à l’avant-garde dans ce domaine. La région provençale avec son réseau d’irrigation, avec une gestion maîtrisée de sa ressource en eau dans un territoire aride, fait figure de modèle pour les pays méditerranéens. À partir de Marseille se sont constitués des réseaux de compétence comme l’Institut méditerranéen de l’eau, le salon Hydrotop, Marseille accueille le Conseil mondial de l’eau. Deux grands opérateurs exportent leur savoir faire : la Société du canal de Provence qui travaille par exemple sur les projets d’adduction d’eau en Palestine ou le Groupe des eaux de Marseille. Filiale de la Lyonnaise et de la Générale, le Groupe des eaux a carte blanche pour agir à l’international dans le bassin méditerranéen et en Amérique latine, y compris en concurrence avec ses maisons mères. Loïc Fauchon PDG, parcourt les pays du Maghreb et entretient des relations suivies avec les décideurs politiques et les professionnels de l’hydraulique. Il espère être présent sur les grands chantiers prévus à Alger dans l’assainissement et l’eau potable. Depuis 1990 le Groupe des eaux est fortement implanté au Maroc, avec une filiale Eaux de Marseille-Maroc il y a réalisé plus de 40 contrats pour le compte de régies autonomes de distribution d’eau, de communes et d’organismes publics comme l’Office national de l’eau potable. « C’est, souligne Loïc Fauchon, la culture d’échanges de Marseille Porte du Sud qui a guidé la trajectoire du Groupe des eaux vers ces pays ».
Christian Laplaud, président du regroupement EA, qui réunit les sociétés du secteur de l’eau, PDG de G2C environnement, société d’étude trouve aussi en Méditerranée la majorité de ses marchés export. Avec quatre autres sociétés européennes, G2C environnement, a décroché, le marché d’une étude pilote sur le réseau d’eau potable ville d’Athènes qui durera un an.. G2C environnement réalisera l’audit technique du réseau de deux quartiers de la capitale grecque : recherche de fuites, informatisation des plans du réseau et modélisation de son fonctionnement. Un test pour la méthodologie des cinq bureaux d’études en vue de l’extension de la prestation à la totalité du réseau en prévision des Jeux olympiques de 2004.
La Méditerranée ne tente pas uniquement les grandes sociétés qui ont les reins solides pour prendre des positions d’attente dans des pays qui demandent patience, durée, et investissement personnel.
Des PMI de la région se sont regroupées au sein d’une association, l’Adeci pour aborder les pays méditerranéens. « Nous sommes persuadés, explique Francis Testa, PDG d’Irrifrance, président, que la simple exportation vers ces pays est révolue, que la PMI ne peut y trouver sa place. Nous devons construire une relation avec un partenaire du pays : nous apportons un savoir, il apporte la connaissance du marché. » En vingt ans, une méthodologie du « compagnonnage industriel » s’est constituée : « Nous voulons rapprocher des hommes d’entreprises du Nord et du Sud, explique Jean-Claude Sitbon, directeur de l’Adeci. Pour cela nous mettons en contact des hommes de même métier. Concrètement à partir dune demande d’aide d’un entrepreneur du Maghreb par exemple, nous identifions un chef d’entreprise de la région qui va accepter une mission d’expertise, avec le concours de notre correspondant local. Cette rencontre d’homme à homme est décisive pour que commencent des relations de confiance ». Pas question de parler d’emblée de joint-venture. L’important est d’amorcer une relation.
Made, par exemple, société varoise d’une douzaine de salariés, spécialisée dans le développement et la commercialisation des matériels électroniques professionnels de mesure industrielle et de télécommunications, s’est intéressée au Maroc en 1998. Elle a participé à une mission dans ce pays organisée conjointement par l’Adeci et EDF et y a rencontré les principaux donneurs d’ordre ce qui lui a permis de valider l’existence d’une demande locale. Made a choisi la société Cofas, spécialisée dans la distribution de produits de haute technicité, comme partenaire pour lui assurer une représentation technico-commerciale. En 1999, l’Adeci a appuyé l’action de Made pour la formation technique de son partenaire et pour la réalisation de démonstrations en grandeur réelle auprès de clients marocains. Cette action a porté ses fruits puisque Made vient de signer ses premiers contrats marocains.
Un savonnier traditionnel, Fabre Jeune à Salon-de-Provence s’intéresse à la Tunisie. Il fabrique une gamme de savons de ménage et de savonnettes, à partir du procédé traditionnel du « Savon de Marseille ». Grand consommateur d’huile d’olive, il est naturellement sensible à la filière olive tunisienne. Dans le cadre du programme de compagnonnage industriel de l’Adeci, Marius Fabre a rencontré des savonniers locaux et a détecté des sources d’approvisionnement. Il devrait concrétiser ses contacts avec deux entreprises tunisiennes très prochainement.
Druon Note, PDG des laboratoires Laphal coopère avec des partenaires tunisiens, mais pour traiter à Malte des algues pêchées en Tunisie. Laphal y a installé son Laboratoire d’algues benthique qui réalise entre 2 et 3 MF de francs de chiffre d’affaires. En 99 une partie de la production d’algues nécessaires à la fabrication de médicaments a été délocalisée, ce qui assure à une soixantaine de pêcheurs locaux un revenu complémentaire à chaque campagne de récolte, tous les trois ou quatre mois.
À Marseille, la Méditerranée n’est pas seulement une destination, elle est une réalité domestique. La présence des communautés issues de l’immigration a généré une économie, souvent informelle, mais dense, riche, vivante. Elle connut sa gloire dans les années quatre-vingt, avec le trafic des trabendos, ces Maghrébins qui venaient faire leurs « courses » sur le cours Belsunce. Michel Péraldi sociologue est un observateur rigoureux de cette économie que les décideurs marseillais oblitèrent trop souvent. « Avec le problème des visas, le bazar marseillais s’est recyclé dans le discount pour la population locale. Les marchés aux puces se sont développés à Marseille, à Lançon de Provence. Les trabendistes existent toujours, mais ils viennent beaucoup moins à Marseille, le marché s’est déplacé à Alicante, et pour les Algériens surtout, à Dubaï, à Istanbul. C’est un marché qui est suspendu aux conditions politiques, l’Espagne comme les émirats l’ont compris ».
Michel Peraldi relève une adaptation au marché local et une professionnalisation de ces marchands. Ils ont commencé comme Nasser Sabeur en étalant quelques vêtements sur un carton et roulent aujourd’hui en Mercedes. Deux secteurs demeurent vivaces : la voiture d’occasion et la viande hallal.
« Il y a une quinzaine de garages, qui exportent des véhicules d’occasion venus d’Allemagne, de Suisse, de France. C’est une véritable filière, un petit district industriel à l’italienne avec la réparation, les pièces détachées, le transit… Nous devrions imaginer comment cette activité de commerce international pourrait contribuer sur le territoire d’Euroméditerranée, au développement local ».
Les chevillards maghrébins, spécialiste de la viande de mouton sont devenus eux aussi de vrais industriels de l’agroalimentaire. Slimani l’Algérien, Bouod le Marocain se partagent le marché provençal mais toujours avec un regard sur leurs pays d’origine. Mustapha Slimani y investit, Hassan le Bouod qui vient de s’offrir des installations modernes est plus prudent : « Si je ne commerce pas avec mon pays d’origine, je reçois beaucoup de demandes de transfert de savoir faire et d’aide technique d’entreprises marocaines. Et je le fais, dit-il, sans contrepartie. »
Prudence qui caractérise encore la posture du monde économique. Personne ne nie l’importance de ce marché de proximité, mais tout le monde en cherche la nouvelle clef : les aléas politiques, les soubresauts de la politique méditerranéenne de la France, les mutations rapides d’économies en privatisation accélérée incitent à une certaine réserve.
Par contre la conversion culturelle est devenue massive. Des rencontres qui ne rassemblaient qu’un public confidentiel passionnent les Marseillais. Thierry Fabre, chercheur, ancien dircom de l’Institut du monde arabe organise chaque année les Rencontres d’Averroès, une journée et demie de débat de haut niveau sur l’histoire, la sociologie, la philosophie méditerranéenne. Le Théâtre de la criée avec son millier de places n’y suffit plus. Lorsque la Fiesta des Suds programme des musiques arabo-andalouses, le public dépasse les espérances, que ce soit pour Natacha Atlas, Cheb Mami ou l’orchestre arabo-andalou d’Israël. Plus rien ne distingue les you-yous des juifs Séfarades rapatriés de ceux des enfants des quartiers nord. Une mixité culturelle acceptée qui est le fruit d’un travail de fond. L’association Medinma travaille sur un Guide des musiques de Méditerranée, qui doit donner naissance à un futur marché des musiques de Méditerranée dont la première édition est prévue pour octobre 2000. L’association Écume met en réseau les Conservatoires de musique des pays riverains et organise un Festival des musiques sacrées, en Provence mais aussi dans les pays arabes.
Marseille, avec sa population cosmopolite a tourné la page des déchirures, mais elle n’a pas encore trouvé sa place en Méditerranée, sa place dans une économie mondialisée. Les flux d’échanges avec la rive sud restent modestes. Jean-Claude Sitbon souligne « qu’en 98/99, la rive sud de la Méditerranée a reçu 1 % des investissements mondiaux et 2 % des investissements européens dans le monde ». André Cartapanis précise que les crédits de la Banque européenne d’investissement ne sont même pas tous consommés. « Les experts des organisations internationales plaquent des schémas inadaptés sur le Maghreb, plaide Jean-Claude Sitbon. Colloque après colloque, on les somme de libéraliser leur économie pour attirer les capitaux. Or la libéralisation est là, mais pas les capitaux. C’est un marché de dupes. Le problème est que les économies du Sud ne fonctionnent pas selon les schémas anglo-saxons. La seule façon pour eux comme pour nous de trouver un développement est de tisser des relations de PMI à PMI, sans intermédiaire. »
« Dans la globalisation mondiale, explique André Cartapanis, nous constatons une polarisation des activités sur des zones régionales organisées autour de grandes métropoles. Une capitale européenne de la Méditerranée serait une plate-forme pour travailler avec le bassin méditerranéen, mais aussi une ouverture sur le monde ».
Le projet de développement de Marseille Euroméditerranée se construit autour de cette problématique : offrir un centre décisionnel pour les entreprises qui veulent conquérir les marchés méditerranéens émergeants.
Sollac, filiale d’Usinor Sacilor s’est réorganisée dans cette perspective. Sollac emploie 3500 salariés et travaille sur les aciers haut de gamme, dits « ultrapropres », utilisés dans l’automobile, l’électroménager et l’emballage. Dans la stratégie d’Usinor, Sollac Méditerranée, couvre depuis le début de l’année l’Espagne avec des participations dans Sidmed, Galmed, et Solmed, l’Italie avec La Magona et Arvedi, le Portugal avec Lusosider Aços Planos et la Turquie avec Borchelick, donc au plus près des constructeurs automobiles. La nouvelle entité emploie 6500 personnes et réalise un chiffre d’affaires de deux milliards d’Euros. Cette nouvelle société est dirigée par Christophe Cornier qui est lui, basé à Milan, l’essentiel des fonctions transversales restant basé à Fos. Sollac accompagne donc l’explosion du marché ibérique, le dynamisme des Italiens et surveille le marché émergeant turc. Christophe Cornier, place de grands espoirs dans les marchés émergeants méditerranéens. Au premier rang, la Turquie, puis l’Égypte, avec, quand la paix civile reviendra, un potentiel important en Algérie. « Nous avons intérêt pour des raisons évidentes, à ce que ces pays se développent, dit-il, le Nord de la Méditerranée ne pourra pas cohabiter avec une rive sud condamnée à la pauvreté. »
* Éditions l’Harmattan
Christian Apothéloz et Florent Provansal
Quand les universitaires travaillent en réseau
Gilbert Benayoun, directeur du Centre d’économie régional, a créé le réseau Unimed-forum. Un 1er séminaire a été organisé au printemps dernier à Aix-en-Provence. Il réunissait deux étudiants en doctorat et un professeur des universités de Marrakech, Tunis, Gaza, Ber Cheva et Aix qui ont chacun présenté leur recherche sur les politiques publiques et la coopération méditerranéenne. Le prochain forum, organisé par le CER, aura lieu en Palestine en juin prochain. Le président de la faculté israélienne de Ber Cheva y sera. Les universités d’Alger et du Caire sont en contacts pour rejoindre le réseau.
Jean-Louis Reiffers, a créé le réseau Femise, le Forum euroméditerranéen des instituts économiques qui regroupe 80 centre de recherche. Un réseau de 120 experts de 27 pays travaille sur l’évolution du volet économique et financier du processus engagé à Barcelone en 1995.
Des recommandations seront remises en juillet prochain destinées à « éclairer » les chefs d’états en vue de Barcelone IV, prévu en novembre 2000.
Les chiffres
Algérie
Les exportations de la région Provence alpes côte d’Azur vers l’Algérie ne cessent d’augmenter avec 2,04 milliards de francs en 1996, 2, 17 Mdf en 1997, 2,286 MdF en 1998 (3,13 % des exportations totales) et 1,954 MdF sur les 9 premiers mois de 1999 (3,72 % des exportations totales).
Les importations de l’Algérie représentaient 4,36 MdF en 96, 7 MdF en 97, 4,6 MdF en 98 (6,62 %) du total et 3,77 MdF sur les 9 premiers mois de l’année (6,22 %).
Le solde commercial de Paca avec l’Algérie est – 2,350 Mdf en 98.
L’Algérie était le 3e fournisseur de la région en 1998 et son 9e client.
Maroc
Les exportations ont également progressé avec 622 MF en 1996, 773 MF en 1997, 828 MF en 1998 (1,13 % des exportations totales) et 630 MF sur les 9 premiers mois de l’année 99 (1,20 % des exportations totales). Les importations représentaient 970 MF en 96, 685 MF en 97, 889 MF en 98 (1,15 % du total) et 788 MF sur les 9 premiers mois 99 (1,30 %).
Le solde commercial de Paca avec le Maroc est de – 61 MF en 98.
Tunisie
Les exportations en Tunisie ont très fortement progressé avec 655 MF en 1996, 1,11 MdF en 1997 et 1,25MDf en 1998 (1,72 % des exportations totales) et 1,062 Mdf sur les 9 premiers mois de l’année 1999 (2,02 % des exportations totales). Les importations représentaient 764 MF en 96, 970 MF en 97 et 817 MF en 98, 1,06 % du total et 765 MF sur les 9 premiers mois de l’année (1,26 %).
Le solde commercial de paca avec la Tunisie est de 442 MF en 98.
Au total, le Maghreb représente 7 % des exportations et 9 % des importations de la région Paca en 1998.
La région Provence alpes côte d’Azur a réalisé près de 40 % de ses exportations et 36 % de ses importations avec les pays du bassin méditerranéen en 1997 (Algérie, Chypre, Égypte, Espagne, Grèce, Israël, Italie, Liban, Libye, malte, Maroc, Syrie, Tunisie et Turquie).
Coopérations en Méditerranée
par Florent Provansal
Entreprises
Laphal a installé LAB (Laboratoire d’algues benthique) à Malte avec des partenaires tunisiens pour traiter les algues pêchées en Tunisie.
Le laboratoire pharmaceutique réalise entre 2 et 3 MF de francs de chiffre d’affaires sur le marché. Ils ont délocalisé en 99 une partie de la production d’algues nécessaires à la fabrication de médicaments. Basée à Allauch, Laphal assure à une soixantaine de pêcheurs locaux un revenu complémentaire à chaque campagne de récolte tous les trois ou quatre mois.
Aqualux (distribution d’équipements aux professionnels de la piscine) dispose d’une agence à Tunis qui représente 8 % de son CA à l’export.
Elle propose également aux professionnels tunisiens comme elle le fait pour leurs homologues français, des stages de formation à Saint-Rémy de Provence mais aussi sur le sol tunisien. ‘L’objectif est de s’ouvrir à de nouveaux marchés en profitant du développement de la piscine privée en Tunisie.
Les Moteurs Baudoin disposent d’un agent en Tunisie depuis plus de dix ans.
Une vingtaine de moteurs se vendent par an pour un Ca de 10 MF. sans compter le marché des pièces de rechange sur un parc d’une centaine de bateaux notamment de pêche industrielle (sardiniers et thoniers).
Made (La Valette, Var) signe ses premiers contrats au Maroc.
Spécialisée dans le développement et la commercialisation des matériels électroniques professionnels de mesure industrielle et de télécommunications, Made s’est intéressé au Maroc en 1998. Elle a participé à une mission dans ce pays organisée conjointement par l’Adeci et EDF et y a rencontré les principaux donneurs ce qui lui a permis de valider l’existence d’une demande locale. Made a choisi la société Cofas comme partenaire pour lui assurer une représentation technico-commerciale. Cette société est spécialisée dans la distribution de produits de haute technicité. En 1999, l’Adeci a appuyé l’action de Made pour la formation technique de son partenaire et pour la réalisation de démonstrations en grandeur réelle auprès de clients marocains. Cette action a porté ses fruits puisque Made vient de signer ses premiers contrats marocains. Made emploie 12 personnes et réalise un chiffre d’affaires de 5 MF. Didier Spada, pdg.
Fabre jeune (Salon-de-Provence) prospecte en Tunisie
Fabre jeune, basée à Salon-de-Provence, fabrique une gamme de savons de ménage et de savonnettes, à partir du procédé traditionnel « savon de Marseille ». Les productions (1000 tonnes par an) utilisent des techniques simples au travers d’un process de fabrication discontinu. La part de produits fabriqués à partir d’huile de grignon d’olive a augmenté fortement des dernières années. La Tunisie, pays où la filière olive est importante, a éveillé l’intérêt du pdg Marius Fabre. Dans le cadre du programme de compagnonnage industriel de l’Adeci, Marius Fabre a rencontré des savonniers locaux et a détecté des sources d’approvisionnement. Fabre jeune devrait concrétiser ses contacts avec deux entreprises tunisiennes très prochainement. CA 16 MF, effectifs : 17 personnes.
Milltronics (Meyreuil) se développe sur les Pays sud de la Méditerranée
La filiale du groupe canadien Milltronics, qui a embauché un cadre export en 1996, est chargée par sa maison mère, un groupe canadien de développer les marchés du Maghreb, du Proche-Orient et de l’Afrique francophone. Spécialisée dans les appareils de mesure à niveau, la société a mis en place un réseau d’agents et de distributeurs sur l’ensemble des pays couverts. Sur l’Égypte, Milltronics a bénéficié de l’aide de l’Imed (Institut méditerranéen pour l’échange et le développement).
Milltronics France, effectifs : 40 personnes, CA 1997 : 38,5 MF.
G2C environnement (Venelles) prépare les Jeux olympiques d’Athènes de 2004
La société G2C environnement, a décroché, avec quatre autres sociétés européennes, le marché d’une étude pilote sur le réseau d’eau potable ville d’Athènes qui durera un an pour un chiffre d’affaires de 2,5 MF. G2C environnement réalisera l’audit technique du réseau de deux quartiers de la capitale grecque : recherche de fuites, informatisation des plans du réseau et modélisation de son fonctionnement. Un test pour la méthodologie des 5 bureaux d’études en vue de l’extension de la prestation à la totalité du réseau sera effectué en prévision des Jeux olympiques de 2004.
G2C environnement réalise près de 20 % de son CA à l’export. CA 98 : 16,5 MF, effectifs : 40 ingénieurs et techniciens. PDG : Christian Laplaud.
Air Algérie met les bouchées doubles sur Marseille
La compagnie aérienne vient d’annoncer des mesures destinées à faciliter la réservation de billet Marseille Alger. Ainsi, à partir du 24 juin, les réservations seront possibles de toutes les agences de voyage et non plus seulement à l’agence de la compagnie à Marseille. L’offre sera portée de 650 à 750 passagers jours durant la saison d’été. Le trafic entre l’Algérie et Marseille représentait en 1999 2 millions de personnes dont 600 000 pour Air Algérie. Le trafic de l’aéroport Marseille Provence pèse environ la moitié de ce trafic total.
6 entreprises du sud de la France vendent en grande distribution au Maroc
Depuis la fin janvier 2000, 6 entreprises du sud de la France dont les biscuits Lacydon à Marseille, les plats cuisinés Jean Martin à Maussane les Alpilles, les spécialités de poissons Ferrigno de Port saint louis du Rhône, ont été introduits au Maroc par la chaîne de distribution Marjane. Cette opération a été menée par l’agence commerciale Giraud (Arles). Le concept a été nommé le « pavillon gourmand ». il avait été testé dans des moyennes et petites surfaces des bouches du Rhône à la fin de l’année dernière.
Institutions
Entreprises & Développement (Marseille) crée un réseau Euroméditerranéen de compagnonnage industriel
Le réseau Euroméditerranéen de compagnonnage industriel a été officiellement créé le 29 mai lors du forum “PMI 2010-compagnonnage industriel et partenariat d’entreprises en Méditerranée” organisé à Marseille. Il veut promouvoir la méthodologie du compagnonnage industriel et contribuer à l’émergence d’une pédagogie du partenariat industriel Nord-Sud. Il s’appuie sur les résultats du programme “100 projets de compagnonnage industriel” mené par le réseau E & D. Selon une étude menée par un expert indépendant, Philippe Queyrane, la valeur ajoutée du programme “100 projets” peut être estimée à 40 millions de francs répartis à égalité entre échanges commerciaux et investissements pour un coût total de 4,5 MF.
Les membres du réseau Euroméditerranéen : Association des chambres de commerce et d’industrie de Wallonie (Belgique), Egyptian businessmen’s association (Egypte), Institut espagnol de commerce extérieur (Espagne), Entreprise & développement (France), Chambre de commerce et d’industrie de Turin (Italie), Bourse nationale de sous-traitance et de partenariat (Maroc), Agence de promotion de l’investissement extérieur (Tunisie).
Le centre d’économie régionale de UIII poursuit de nombreuses actions de coopération en Méditerranée.
Gilbert Benayoum, directeur du CER, a créé le réseau Unimed-forum. Le 1er séminaire a été organisé au printemps dernier à Aix-en-Provence. Il réunissait 2 étudiants en doctorat et un professeur des universités de Marrakech, Tunis, Gaza, Ber Cheva et Aix qui ont chacun présenté leur recherche sur les politiques publiques et la coopération méditerranéenne. Le prochain forum, organisé par le CER, aura lieu en Palestine en juin prochain. Le président de la faculté israélienne de Ber Cheva y sera. Les universités d’Alger et du Caire sont en contacts pour rejoindre le réseau.
Au Maroc, le CER vient de remettre un rapport au Ministère de l’intérieur sur la création d’un observatoire économique et social des collectivités locales. L’ambassade de France au Maroc veut continuer cette action.
Le Cer organise également des stages en France pour le Ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement notamment sur la politique de la montagne.
Enfin les Marocains veulent mettre en place des contrats de plan état région similaire au système français. Des cadres du ministère ont été formés à paris, mais aussi par le CER. L’idée de Gilbert Benjamin est d’organiser un séminaire au Maroc qui présenterait aux différents ministères concernés les contrats de plan état région français.
Avec l’appui du Conseil général des Bouches-du-Rhône, dans le cadre de sa convention avec la communauté urbaine de Rabat, le Cer a étudié la possibilité de créer des pépinières d’entreprise au Maroc. Le rapport vient d’être remis.
En Algérie, le syndicat de la nouvelle ville Sidi Abdallâh à 25 kilomètres d’Alger, à demander au CER de former ses cadres depuis trois ans. Ils viennent également de demander de les aider à créer des pépinières d’entreprises. Le Cer est également en cours de négociation avec le gouvernorat d’Alger pour étudier la possibilité de créer un observatoire économique et social.
FEMISE
Les experts économiques des 27 pays engagés dans le processus euroméditerranéen se sont penchés les 17 et 18 février sur l’évolution du dossier. 120 experts se sont ainsi penchés sur l’évolution du volet économique et financier du processus engagé à Barcelone en 1995.
Cette conférence, organisée conjointement par l’institut de la Méditerranée et une équipe du Caire, était la première du Femise (Forum euroméditerranéen des instituts économiques qui regroupe 80 instituts). Elle se traduira par la remise de recommandations en juillet prochain destinées à « éclairer » les chefs d’états en vue de Barcelone IV, manifestation qui a toutes les chances d’être organisée à Marseille en novembre prochain. Les principaux thèmes retenus :
Comment aborder enfin le volet agricole du partenariat euroméditerranéen, quels sont les effets de cette démarche sur les flux de capitaux, comment le pays du sud peuvent-ils gérer l’élargissement vers l’est de l’Union européenne, quelles sont les conséquences sociales des nouvelles contraintes budgétaires imposées dans ces mêmes pays.
Dans quelques mois la France héritera de la présidence de l’Union européenne et Jacques Chirac a promis de prendre l’initiative de relancer le processus euroméditerranéen.
IMED
L’institut méditerranéen recrute actuellement un ou une franco-algérienne pour l’installer à Alger. En effet, l’Imed a reçu nombre de demandes d’entreprises désireuses de s’implanter en Algérie par l’intermédiaire de ses services. En 1999, 54 % des entreprises clientes de l’Imed étaient originaires de paca. « Les entreprises de la région » explique Frédéric Barrau, directeur de l’Imed « ont beaucoup plus d’intérêt pour cette zone que les entreprises d’autres régions françaises, et ceci malgré les efforts de notre institut qui a créé des bureaux à paris et à Lyon. »