Article paru dans le Nouvel Économiste.
Le projet de l’année date en fait d’un siècle. Depuis que le port s’est senti à l’étroit dans le Lacydon, depuis que les architectes haussmaniens ont tracé l’avenue impériale, devenue l’avenue de la République, reliant le cœur de ville aux quais de la Joliette, Marseille se cherche un nouveau centre d’affaires. Gaston Defferre avait imaginé un “centre directionnel” au milieu des années soixante. De la porte d’Aix, il s’étalait jusqu’à la Canebière, avec de vastes buildings derrière le Palais de la Bourse et dans Belsunce. Seul rescapé de ce mirage, le modeste CMCI, Centre méditerranéen de commerce international.
En 1991, Henri Mercier président de la chambre de commerce et d’industrie réfléchit à une stratégie d’internationalisation de l’aire métropolitaine et préconise la création d’un quartier d’affaires entre la gare Saint Charles, la Joliette et la gare d’Arenc, un “centre-ville portuaire” qui réalise l’osmose de l’espace urbain et de l’espace portuaire. L’idée fait son chemin et Robert Vigouroux l’ajoute bientôt à la liste de ses 50 dossiers prioritaires. Pierre Fiastre, conseiller du maire, use de ses relations de polytechnicien pour faire avaliser ce projet par l’État. Le nom de baptême Euroméditerranée surgit la veille d’une conférence publique qui associe tous les partenaires locaux. L’État prend effectivement le relais, d’abord avec le rapport Masson, initié par Jean-Louis Bianco, puis l’annonce par Édouard Balladur en visite à Marseille d’une forte contribution gouvernementale, 850 MF, pour cette opération qui deviendra “d’intérêt national”. Une mission de préfiguration se met en place. Aux commandes, Pierre Weiss avec Pierre Fiastre comme directeur adjoint. Au-delà des querelles qui ont marqué l’année passée sur la composition du conseil d’administration ou les parts des collectivités concernées, le travail commence…
Huit commissions associent plus d’une centaine d’experts pour définir les contenus. L’année 95 devrait voir sortir le centre international d’échanges économiques avec son téléport et le pôle universitaire destiné à accueillir plus d’un millier d’étudiants en seconds et troisièmes cycles d’économie et droit des affaires internationaux.
Christian Apothéloz