Le journaliste : enquêtes et reportages

Liban : la présence française “laïcisée”

par | 12 février 2001

Mission à Beyrouth du 18 au 25 février 2001 pour Marseille Innovation

Mission à Beyrouth Du 18 au 25 février 2001 pour Marseille Innovation

La pré­sence fran­çaise au Liban est visible, orga­ni­sée et appré­ciée. Elle tient à l’histoire bien sûr. Mais, il ne faut pas se faire d’illusion. Les 15 années de guerre ont chan­gé la donne. La Guerre du Golfe a dis­ten­du les rela­tions de la France avec les pays arabes, donc avec Beyrouth. La langue fran­çaise régresse. Dans la rue l’arabe est la pre­mière langue sui­vie par l’anglais. Même s’il y a dans chaque bou­tique un fran­co­phone. Même si une géné­ra­tion a gar­dé du fran­çais un sou­ve­nir chaleureux.

La réa­li­té d’aujourd’hui est celle d’un pays qui doit, comme on le dit en pri­vé à Beyrouth, « com­po­ser avec le grand frère syrien ». 35 000 sol­dats syriens sont au Liban. Et les syriens consti­tuent la pre­mière source de main d’œuvre immi­grée du Btp. Et puis la fron­tière avec Israël est loin d’être paci­fiée, les bom­bar­de­ments des ins­tal­la­tions élec­triques par l’aviation israé­lienne sont dans toutes les mémoires. Ces deux voi­sins sont la pre­mière pré­oc­cu­pa­tion des diri­geants liba­nais qui naviguent entre ces contraintes fortes. La France appa­raît plus loin­taine, même si la pré­sence diplo­ma­tique fran­çaise demeure déli­bé­ré­ment forte. La France par exemple sco­la­rise 40 000 enfants au Liban. Une cen­taine de socié­tés s’y sont implan­tée récem­ment : Aventis, L’Oréal, le BHV, Yoplait, etc… (Cf note du PEE)

La France est le second four­nis­seur, der­rière l’Italie de ce pays très impor­ta­teur. Mais, sou­ligne Frédéric Kaplan direc­teur du Poste d’expansion, « chaque com­mu­nau­té à son sys­tème com­mer­cial. Le Liban, prévient-il, reste un mar­ché dif­fi­cile, sur­tout depuis deux ans avec la crise des finances publiques ». Le pays négo­cie un accord d’association avec l’Europe qui demande des réformes sec­to­rielles impor­tantes. La récente visite du pré­sident Hariri à Paris avait pour but d’obtenir le sou­tien fran­çais dans ces négo­cia­tions.

La pré­sence fran­çaise se voit à Beyrouth avec le Centre cultu­rel fran­çais, à l’Espace des Lettres avec le consu­lat. Situé non loin du Musée, en face de l’université Saint-Joseph, c’est un petit cam­pus avec une acti­vi­té de confé­rences et d’expositions intenses. Le Centre de recherche sur le Moyen Orient contem­po­rain, le Cermoc, y a ses bureaux. Une café­té­ria en fait le lieu de toutes les ren­contres. Le Poste d’expansion a son immeuble. L’Imed y tient un bureau qui rayonne sur la Syrie et la Jordanie. Le Poste d’expansion s’implique for­te­ment dans le déve­lop­pe­ment des Ntic et conri­bue par exemple à un recen­se­ment des entre­prises du sec­teur. Le site Internet du Poste et très com­plet et offre une palette d’informations mise à jour.

Mission à Beyrouth Du 18 au 25 février 2001 pour Marseille Innovation

L’ancienne ambas­sade de France a été réha­bi­li­tée pour héber­ger une créa­tion récente, L’École supé­rieure des affaires. Un lieu splen­dide qui entre en concur­rence avec les filières amé­ri­caines de for­ma­tion des élites liba­naises. Un lieu laïc dont la créa­tion n’a d’abord pas été très bien per­çue du côté des jésuites. Mais le choix est clair, la France ne veut plus appa­raître comme l’alliée pri­vi­lé­giée des com­mu­nau­tés chré­tiennes. Symbolique, un centre cultu­rel fran­çais des mieux équi­pés est implan­té en plein cœur du Chouf, le pays druze de Walid Joumblatt. L’École supé­rieure des affaires est gérée en par­te­na­riat avec HEC (et la CCI de Paris) et reçoit des inter­ve­nants de haut niveau. Une salle des mar­chés infor­ma­ti­sée per­met de don­ner des cours de Bourse très pri­sés. Le lieu est deve­nu avec les first tues­day le point de rendez-vous de la nou­velle éco­no­mie. Pour Roger Ourset, direc­teur géné­ral de l’Esa, le défi est de « remettre en marche une machine à créer de la valeur, sinon, dit-il, les gens vont partir ».