Nous sortons, doucement, d’une longue période du nucléaire honteux et culpabilisé. Un paradoxe, car notre confort, notre niveau de vie, notre sécurité énergétique proviennent aux 3/4 du nucléaire. Avec la relance du nucléaire annoncé par le président Emmanuel Macron en 2022, cette filière industrielle est appelée à jouer un rôle central et stratégique pour la transition énergétique et pour notre indépendance. Combien d’ingénieurs du nucléaire ont au cours de ces dernières années préféré s’afficher comme ingénieur en énergie plutôt que d’avouer l’atome ? Nombre d’articles ou d’études ont montré comment cette industrie était depuis sa naissance dans une congruité totale avec les stratégies politiques. L’âge d’or de la période gaullienne a donné, à ceux qui étaient des pionniers, un sentiment de légitimité naturelle qui a eu du mal à affronter les contestations, les interrogations, les doutes de la jeunesse et de l’écologie. Il est absurde aujourd’hui de vouloir distribuer des bons et des mauvais points. Brice Lalonde, ministre de l’environnement en 1988, qui a notamment instauré la loi sur l’eau, écologiste historique explique ainsi son évolution : “J’ai milité dans ma jeunesse contre le nucléaire. Mais depuis 1988, date de la création du Giec, le changement climatique est devenu une priorité. Cette révolution copernicienne amène tous les peuples, les gouvernements et aussi les écologistes à revoir leurs positions. Or, le monde écologiste est resté sur son logiciel des années 1970. Et il faut le quitter en ce qui concerne l’énergie.” (Interview Challenges du 22/11/2021)
Jean-Marc Jancovici qui fut membre du comité stratégique de la Fondation Nicolas Hulot a très vite sonné l’alerte sur nos dérives et nos impasses. Auteur de la méthode du bilan carbone, il invite à sortir de l’idéologie pour mesurer les choix et décider tant individuellement que collectivement de nos consommations. Le succès du pavé en forme de BD, “Le monde sans fin” chez Dargaud vendu à plus de 700 000 exemplaires, montre qu’il n’est pas interdit de parler intelligemment des choses compliquées, même si le mix énergétique de JMJ (pour les intimes) réduit les ENR à un rôle limite décoratif.
L’énergie nucléaire est le socle d’un système électrique solidaire
Le nucléaire retrouve sa place, celle d’une énergie d’une efficacité inégalée, au coût final le plus bas et à l’incidence sur le réchauffement climatique infime. La Sfen, Société française d’énergie nucléaire indique ainsi : « L’énergie nucléaire est le socle d’un système électrique solidaire. Grâce à un réseau électrique et des centres de production nucléaire répartis à travers le territoire, le modèle français permet de bénéficier du même tarif et de la même qualité de service partout, à la ville comme à la campagne. Le nucléaire permet également aux Français de bénéficier des prix de l’électricité les plus bas d’Europe de l’Ouest. En comparaison, un ménage allemand paye son courant près de 50 % plus cher qu’un ménage français. »
Le Président de la République évolue. Rappelons que le 27 novembre 2018, il voulait mettre fin à l’activité de « 14 réacteurs de 900 MW » d’ici « 2030 ». Dans son discours de Belfort le 10 février 2022, le président Emmanuel Macron appelle au contraire à : « reprendre le fil de la grande aventure du nucléaire civil en France », pour une « renaissance nucléaire ». L’objectif est de construire six réacteurs nucléaires de type EPR 2 d’ici à 2050. Pour EDF les sites existants seraient mobilisés par deux à Penly en Seine-Maritime, Dieppe, puis Gravelines dans le Nord et au Bugey dans l’Ain ou au Tricastin dans la Drôme.
Un virage à 180° pour les 220 000 salariés de la filière, pour ses 3200 entreprises. Ce double constat d’un pilotage politique et idéologique d’une part et d’une fissure avec l’opinion explique la situation paradoxale d’une industrie de pointe qui peine à se réveiller d’une longue torpeur. Depuis dix ans, la seule perspective était alors de se positionner sur le démantèlement des installations nucléaires et sur des procédures d’entretien « palliatives » jusqu’à ce que les centrales soient débranchées. Pas de quoi soulever l’enthousiasme des troupes et encore moins des futurs ingénieurs et techniciens sensibles au devenir de la planète. Le nucléaire paralysé évoque pour moi les mésaventures de Gulliver, ce géant au pays des lilliputiens qui finit par être ligoté, entravé, dépouillé… et par qui ? Deux peuples de Lilliput qui sont en guerre à cause d’une divergence sur la meilleure manière de casser un œuf à la coque ! Jonathan Swift écrit d’or. Gulliver se réveillera-t-il ? Les antinucléaires ont-ils cassé leur œuf du bon côté ?
Une région nucléaire
À la question sommes-nous en Provence-Alpes-Côte d’Azur une région du nucléaire, gageons que la majorité des réponses serait négative. Et pourtant. Nous avons un véritable écosystème du nucléaire, très puissant, mais trop souvent à l’abri des regards et des curiosités, fussent-elles celle des journalistes. L’écosystème du nucléaire n’est d’ailleurs pas strictement régional, et nous l’avons vu dans l’introduction de ce hors-série avec la métaphore du Chemin de l’énergie, il n’y a pas de marché régional de l’énergie. Nous n’avons pas, pour des raisons évidentes de géologie et de géographie, de CNPE de Centrale nucléaire de production d’électricité. Mais par contre, il y a dans un grand triangle dont nous allons voir les sommets, un écosystème régional puissant, indispensable au redécollage de cette énergie au plan national. L’association Cyclium réunit 54 entreprises ayant toutes « une activité́ significative dans le nucléaire, plus spécifiquement au sein du cycle de vie d’une installation nucléaire ». Son siège est à Bagnols sur Cèze dans le Gard rhodanien, l’ensemble des membres représente 4 500 salariés, 450 m€ de chiffre d’affaires et rayonne sur les Bouches du Rhône et le Var.
La Sfen, Société française d’énergie nucléaire qui rassemble plutôt les donneurs d’ordre de la filière a deux groupes régionaux :
- Provence regroupe les Alpes-de-Haute-Provence, les Hautes-Alpes, les Alpes-Maritimes, les Bouches-du-Rhône, le Var, la Corse du Sud et la Corse du Nord est présidé par Patrick Michaille
- Vallée du Rhône – Languedoc-Roussillon réunit l’Ardèche, l’Aude, la Drôme, le Gard, l’Hérault, la Lozère, les Pyrénées-Orientales et le Vaucluse. Pascal ROUQUETTE (Orano) le préside.
Un écosystème qui s’étend sur trois régions
L’écosystème remonte donc le Rhône jusqu’à Marcoule, voire 30 km au nord avec le site nucléaire du Tricastin à Pierrelatte, dans la Drôme. Le site nucléaire le plus étendu de France y emploie 5 000 salariés dans trois unités : EDF, Orano (ex Areva) et le CEA.
Marcoule emploie aussi 5 000 personnes dont 1 700 pour le CEA et 1 000 pour Orano. La plateforme est dédiée, « pour ce qui concerne ses six installations civiles, à des activités de recherche relatives à l’aval du cycle du combustible et à l’irradiation de matériaux, ainsi qu’à des activités industrielles, notamment concernant la fabrication de combustible Mox, le traitement de déchets radioactifs et l’irradiation de matériaux. La majeure partie du site est en outre constituée d’installations nucléaires de défense ».
À Marcoule, l’ISEC, l’Institut des sciences et technologies pour une économie circulaire des énergies bas-carbone a été créé en 2020 avec 670 personnes qui travaillent sur trois missions :
- Le cycle du combustible nucléaire : amélioration des procédés existants sur le retraitement des combustibles et la fabrication de combustibles recyclés (notamment le MOX), la recherche sur le multirecyclage du combustible et les combustibles pour les futures générations de réacteurs et la recherche sur le conditionnement des déchets ultimes.
- L’économie circulaire sur les autres énergies bas-carbone pour développer une R & D pour la gestion durable des ressources et matières nécessaires à la transition énergétique pour les batteries, l’éolien, le solaire, l’hydrogène…
- Le soutien à l’assainissement & le démantèlement dans plusieurs domaines : la réalité virtuelle, la robotique, la réalité augmentée, le conditionnement des déchets.
Descendons vers les Alpes de Haute Provence avec Cadarache et ses 5 500 salariés. C’est une ville dans la garrigue : 2050 ha dont 900 clôturés et 480 bâtiments avec ses rues, ses codes, sa police, sa sécurité… Le site revendique d’être “le plus important centre de R & D nucléaire au monde.” Il rassemble le centre de recherche du CEA Cadarache avec 21 installations nucléaires de base civiles (INB) , dont le réacteur Jules Horowitz en cours de construction (et le chantier de construction d’ ITER, attenant au CEA). Ce centre, avec 2450 salariés mène des recherches scientifiques et techniques dans les domaines des énergies décarbonées, des technologies pour la santé, des technologies de l’information et de la défense et de la sécurité intérieure. Framatome Intercontrôle a 80 collaborateurs et l’IRSN l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, 330. Les entreprises extérieures comptent 1700 salariés. TechnicAtome est un acteur historique qui a équipé, depuis sa création, tous les navires de la Marine nationale dotés d’une propulsion nucléaire. TechnicAtome joue un rôle majeur dans plusieurs projets de réacteurs nucléaires civils, pour la recherche comme pour la production d’électricité, elle a retrouvé sa marque après une éclipse chez Areva et emploie 800 salariés à Cadarache, mais elle est aussi présente à Aix en Provence à la Duranne et à la base navale de Toulon.
Plus de 20 000 agents dans le secteur nucléaire de la Défense
La Défense, outre la mise au point des sous-marins nucléaires à Cadarache, est très active à l’est, à Toulon avec la base navale qui abrite le porte-avions Charles-De-Gaulle à propulsion nucléaire et six sous-marins nucléaires d’attaque (SNA). La première base navale d’Europe et de projection en Méditerranée accueille 16 500 personnels civils et militaires. Une base qui a généré un écosystème de sous-traitance et d’innovation qui rayonne sur la Var. S’il fut parfois trop endogamique, avec quelques dérives, il représente un potentiel de commande au privé qui fait vivre un vivier de PME. Toulon Var Technologie a su jeter des ponts entre ces deux mondes et établir des liens de recherche, de sous-traitance qui dépassent la réponse aux appels d’offres.
À l’autre extrémité de la région Sud à Istres, la Base aérienne 125 « Charles Monier » à vocation nucléaire (BAVN) se définit comme « hors normes au regard des trois critères :
- Ses caractéristiques physiques avec la plus longue piste d’Europe de plus de 5000 m.
- Le nombre et la diversité d’unités accueillies ou soutenues, militaires ou civiles, industrielles et étatiques : 5 000 personnes dont 2 500 aviateurs, aviatrices et 65 unités ou entités de l’armée de l’Air et de l’Espace, hébergés dans plus de 500 bâtiments sur la base.
- Le large spectre de sa mission : dissuasion, projection aérienne et terrestre, préparation de l’avenir, protection et missions de service public. »
La colonelle Anne-Laure Michel en a pris le commandement en septembre 2022.
Marseille, une métropole du nucléaire ?
Elle est une métropole du nucléaire, avec des groupes privés qui travaillent pour le nucléaire comme Ortec ou Onet Technologies, Vinci, Campénon Bernard nucléaire, Nuvia, Parlym, Lafarge, Axone ou Altran.
Mais le cœur battant du parc nucléaire français est basé à Marseille. Dans un austère bâtiment du 9° arrondissement, avenue Viton, la Division ingénierie du parc nucléaire, de la déconstruction et de l’environnement (DIPDE) devenue Division de l’ingénierie du parc et de l’environnement (DIPDE) est un centre d’excellence mondial de l’industrie et du nucléaire. 2 000 salariés assurent l’ingénierie d’EDF pour les centrales nucléaires françaises en exploitation. Dans le cadre du programme Grand Carénage, la DIPDE étudie et met en œuvre les modifications pour optimiser la performance des centrales et les porter aux meilleurs standards de sûreté.
La DIPDE réalise les études d’ingénierie et la réalisation des travaux d’amélioration des îlots nucléaires des 56 réacteurs français existants, ainsi que la maîtrise des activités d’ingénierie d’étude de l’environnement, aussi bien pour le parc existant que pour les projets en cours ou à venir du programme « nucléaire neuf ». Un quart des effectifs est en détachement dans les centrales. Ce sont ses équipes qui ont en charge le redémarrage en toute sécurité des centrales à l’arrêt depuis une année.
Un système sous surveillance
Ajoutons, last but not least, la direction régionale de l’ASN, l’Autorité de sûreté nucléaire basée au boulevard des Dames dans le 1er arrondissement. La division de Marseille contrôle la sûreté nucléaire, la radioprotection et le transport de substances radioactives dans les six départements de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA). Sa responsabilité englobe aussi le nucléaire médical. En 2021, l’ASN a réalisé 130 inspections en région Provence-Alpes‑Côte d’Azur (PACA), dont 61 dans les INB, 59 dans le nucléaire de proximité, cinq dans le domaine du transport de substances radioactives et cinq concernant les organismes et laboratoires agréés par l’ASN.
Enfin L’IRSN, Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, l’expert public en matière de recherche et d’expertise sur les risques nucléaires et radiologiques, établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) est implanté aux Angles près d’Avignon et à Cadarache.
14000 emplois directs en région
Beau dispositif régional, qui pèse dans la région, près de 14 000 emplois directs dans le civil pour un marché de près d’un milliard € confiés chaque année aux entreprises de la région. Mais est-il prêt à passer en mode agile pour que les six nouveaux réacteurs, dit EPR2, soient opérationnels en 2035 ? Le premier verrou est celui des ressources humaines. Cyclium en 2021, a interrogé ses membres. 27 ont répondu et pour 70 % des répondants, l’activité́ nucléaire représente entre 75 et 100 % de l’activité́ de l’entreprise. Pour les trois quarts, ils interviennent au Tricastin, à Cadarache et Marcoule. Cyclium annonçait donc 432 recrutements en CDI pour 2022 plus 80 alternants. La moitié des recrutements est fléchée vers une croissance de l’activité.
Dans une étude qualitative sur « La transition écologique en Provence – Alpes – Côte d’Azur, évolution et besoins en compétences des filières du nucléaire, de l’hydrogène et de l’éolien terrestre » le Carif Oref relève notamment
- « Des prévisions d’emplois à la hausse principalement sur des métiers qualifiés, au vu des activités hébergées en région (sites de R & D)
- Des métiers en tension forte en région pour les soudeurs, mécaniciens sur machines tournantes, ingénieurs sûreté, chaudronniers tuyauteurs.
- Le besoin en nombre de formés pour répondre aux enjeux de développement de la filière se heurte à des formations industrielles généralistes non remplies.
- Le manque de technique et la dualité de maintenir des savoir-faire traditionnels tout en intégrant de nouvelles technologies sont évoqués comme des axes d’amélioration centraux. »
La pénurie des talents
Cette pénurie annoncée des talents est déjà perceptible chez les sous-traitants. Les métiers du nucléaire note le Carif sont plus qualifiés que la moyenne de l’industrie. Face à la pénurie nationale d’ingénieurs, l’offre de formation régionale sur ce niveau de qualification est faible, affirme le Carif. Les métiers impactés sont : ingénieurs calcul ; ingénieurs méthodes ; ingénieurs fusion nucléaire ; chefs de projet nucléaire ; Ingénieurs études génie civil ; dessinateurs projeteurs ; architectes Internet des objets. Excellence nucléaire Sud a identifié 21 métiers en tension dans la filière en région, dont sept en tension forte. Le constat principal établi par le contrat de filière est que le nombre de diplômés et le nombre de cursus sont insuffisants au regard de la demande (notamment tuyauterie soudage, ingénierie génie civil). Conséquence d’une mauvaise image attachée aux activités nucléaires, voire à l’industrie en général, mais aussi au faible portage politique des dernières décennies. Le contexte d’accélération du nucléaire, mais aussi de pénurie d’ingénieurs, entraîne de fortes difficultés de recrutement. EDF nous confirme : « Sur les 800 offres en région, plus de 200 postes sont à pourvoir dans le nucléaire ; il faut compter moitié ingénieurs et moitié techniciens. La demande sur ces profils ira croissante dans les années à venir. »
L’OPCO 2i, l’Observatoire compétences industries, identifie des besoins spécifiques sur les métiers liés…
- aux contrôles et essais non destructifs ainsi qu’à la sûreté nucléaire ;
- à l’ingénierie mécanique et au calorifugeage des installations ;
- au Big data (dans les opérations de contrôle et de maintenance) ;
- à la gestion de fin de vie des installations : mesure de radioprotection, scénarios de démantèlement, modélisation numérique, management de projet, télé opérations, évacuation et stockage des déchets, assainissement, démolition ;
- au développement de petits réacteurs (SMR).
Une indispensable formation de haut niveau
La filière nucléaire a mis en place au niveau national L’Université des métiers du nucléaire https://www.monavenirdanslenucleaire.fr/ qui a été décliné en Provence-Alpes-Côte d’Azur à travers Excellence Nucléaire Sud. Lauréat de l’appel projet France relance, ce projet est porté par l’association Campus d’Excellence Industrie du Futur Sud, associant les acteurs du territoire : Industries Méditerranée, EDF, groupe SNEF, AMU, Ecole nationale d’Arts et métiers, Pôle formation UIMM Provence-Alpes-Côte d’Azur, Lycée Jean Perrin, GIP FCIP de l’académie d’Aix-Marseille, rectorat Aix Marseille, Ortec/Som Calcul, Parlym, ERAS, Archytas, GRET, Framatome ainsi que la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur. De nouvelles formations, innovantes, dans les métiers critiques répondants aux besoins des industriels partenaires sont prévues avec…
- Des parcours de formation dédiés à la filière nucléaire : projeteur installateur en tuyauterie industrielle, expert en sûreté nucléaire, électricien intégrateur/installateur, responsable électromécanique, câbleur de réseau/système électrique, chef d’équipe, contrôleur non destructif, projeteur BE
- Des lieux d’innovation et de formation
- Des supports de formations digitaux partagés sur une plateforme individuelle de formation via l’intelligence artificielle
- Une valorisation des parcours tout au long de la vie
- Une meilleure connaissance de la filière en région Sud et sensibilisation au mix énergétique.
Beau programme emporté de haute lutte en 2021, mais dont nous n’avons pu avoir un état d’avancement actualisé des projets.
Féminiser le nucléaire !
En parcourant les trombinoscopes des conseils d’administration, des Codir et autres instances du nucléaire, on a l’impression de feuilleter des images du siècle dernier. Tous les postes à responsabilité, ou presque, sont tenus par des hommes de la cinquantaine et parfois sont concédés caricaturalement et parcimonieusement aux femmes les jobs de communication ou de ressources humaines. Il y a des marges de progrès et une ressource pour l’essor du nucléaire. Le Carif note néanmoins des efforts : « Des actions de féminisation se développent, c’est le cas du « Challenge énergie mixte » qui réunit collégiennes et lycéennes pour leur faire découvrir des parcours de femmes dans les métiers de l’énergie en faveur d’une féminisation des métiers techniques du nucléaire. » Depuis 2009, Win France et Win Europe décernent le prix Fem’Energia pour encourager et soutenir financièrement des femmes passionnées qui étudient ou travaillent dans le secteur du nucléaire. Ce vivier de main‑d’œuvre féminin est d’autant plus important que, selon la Dares[1], les femmes sont plus amenées à se reconvertir que les hommes.
[1] Source : « Changer de métier : quelles personnes et quels emplois concernés ? », Dares Analyse, novembre 2018.