Article paru dans le Nouvel Économiste.
À quelques jours de l’ouverture du premier tunnel urbain à péage en France, Marseille s’interroge sur l’afflux de voitures en centre ville et sur son schéma de circulation.
Le 18 septembre, les 14 postes de péages de la gare du Prado ouvriront leurs barrières aux 100 000 automobilistes qui traversent chaque jour Marseille de part en part. Un tiers, selon les prévisions devrait se laisser séduire par la rapidité de cette liaison, trois minutes au lieu d’un quart d’heure les bons jours, une demi-heure voire une heure les jours noirs. Pour 10 francs, le visiteur arrivant de Toulon ou Nice accédera directement sur le Vieux port ou en direction des autoroutes du Littoral vers l’aéroport, Lyon ou Montpellier.
C’est un projet ancien, de trente ans qui voit le jour grâce au financement privé. Le tunnel ferroviaire Prado Carénage a été percé en 1873, sa transformation en tunnel autoroutier à deux voies superposées conçu par l’architecte Alain Amédéo, a coûté 1,2 milliard. Le tout apporté par la Société marseillaise du tunnel Prado-Carénage, une société cotée au second marché et qui associe les trois constructeurs, Borie-SAE, Sogéa et Campénon-Bernard avec un pool de 21 banques. Concessionnaire pour tente ans, la SMTPC a mis les bouchées doubles et gagné 4 mois sur le planning. Les 14 postes de péages serviront de test à un nouveau système de télépéage mis au point par Gemplus, le Tunnel-Pass. 2000 Marseillais ont déjà acquis ce mini-émetteur doté d’une carte à puce.
Tout est donc prêt pour le jour J. Tout, sauf l’évacuation de la circulation qui va ainsi arriver en centre ville. En arrivant de Toulon, vous pourrez sortir en direction du centre ville et débarquer sur le vieux port, déjà totalement saturé. Patient, vous préférez prendre le tunnel sous le Vieux port. Vous tombez dans un labyrinthe autour de la cathédrale de la Major. La solution est bien sûr un tunnel entre le Vieux port et la sortie autoroutière. Un petit tronçon, en trémie financé par la SMTPC (120 MF) est en chantier pour un an encore. Mais l’essentiel reste à faire et à financer : la tranche Carénage Major ( 🙂 et le prolongement jusqu’au viaduc (50 MF). Robert Vigouroux recherche des concours auprès de ses partenaires habituels, conseil général, conseil régional et État, mais ils se font tirer l’oreille. L’automobiliste risque donc de se perdre dans les dédales du quartier portuaire après ses trois minutes de bonheur tarifées.
Dans l’autre sens, la circulation ne pose pas de problème. Un viaduc autoroutier déverse la circulation directement sous le tunnel du Vieux Port. Mais ce même viaduc est aujourd’hui condamné par les urbanistes. Pour Bruno Guillermin, urbaniste chargé du dossier Euroméditerranée à la Ville, il faut démolir cette barrière de béton entre la mer et la ville et enterrer la voie. “On ne peut concevoir un projet urbain, un centre tertiaire ici avec 35 000 véhicules par jour entre la mer et les immeubles. Euroméditerranée ne pourra se faire si on ne libère pas le trafic au sol”. Le port serait prêt à ce que ce tunnel passe sur son territoire, quai du Lazaret, reste, là encore, le financement : 750 MF.
Christian Apothéloz, avec Sylvie Jullien