Le journaliste : enquêtes et reportages

Marseille : SOS Aménagement, le TGV se traîne

par | 15 septembre 1993

Article paru dans le Nouvel Économiste.

Marseille sera-t-elle encore à l’écart des grands choix d’aménagement du ter­ri­toire ? Les déci­deurs régio­naux sont déçus des choix et de l’absence de choix concer­nant la métro­pole phocéenne.

En visite à Valabre, près d’Aix, à la Sécurité civile, Charles Pasqua avait lais­sé espé­rer le 3 juillet, la nomi­na­tion d’un Monsieur Marseille qui déblo­que­rait cer­tains dos­siers impor­tants comme Euroméditerranée ou le TGV. Et puis Mende est pas­sé. Avec ses contrats de plans étri­qués, et une défi­ni­tion des régions qui classe Paca comme région riche, alors qu’elle est en tête des scores de chô­mage. Le pou­voir pari­sien semble loin, très loin des réa­li­tés pro­ven­çales.
Pour faire le poids, Gilbert Jauffret, pré­sident de la Chambre régio­nale de com­merce et d’industrie est allé voir Bernard Bosson, ministre de l’équipement et du tou­risme, avec ses deux col­lègues du Grand Delta rho­da­nien, Yves Le Gaillard pour Rhône-Alpes et Henri Cassan de Languedoc-Roussillon. Le ministre écoute. Sans s’engager. Une heure avec les consu­laires. Trois quarts d’heures, dix jours avant, avec les asso­cia­tions éco­lo­gistes qui contestent le TGV. “La déci­sion finale incom­be­ra au pre­mier ministre” aurait décla­ré Bernard Bosson aux contes­ta­taires. “Il y aura des arbi­trages en sep­tembre”, confirme Gilbert Jauffret. Sur le TGV, le ministre prend les pré­cau­tions d’usage, mais il sou­haite faire avan­cer le dos­sier, pour une ouver­ture de la ligne en 1999. Sur la pour­suite de la liai­son Rhin-Rhône, Bernard Bosson est plus fri­leux. Il par­rai­ne­ra néan­moins le col­loque orga­ni­sé à Besançon fin 93 par les six chambres consu­laires régio­nales concer­nées. Quand aux per­cées alpines, rien ne presse. Bernard Bosson explore avec ses homo­logues ita­liens les coopé­ra­tions pos­sibles. Mais en Rhônalpin, il pri­vi­lé­gie les liai­sons du style Lyon-Turin au désen­cla­ve­ment du Midi.
D’où cette impres­sion de malaise et d’incompréhension. “L’État a‑t-il un pro­jet glo­bal d’aménagement pour notre région ? s’interroge Gilbert Jauffret. Quelle place aurons-nous en Europe sans voie de com­mu­ni­ca­tion Est-Ouest et Nord-Sud ? Alors que notre réseau rou­tier est satu­ré, tant vers Lyon que vers Nice, pour­quoi ne débloque-t-on pas les dos­siers du TGV, des per­cées alpines, de Rhin-Rhône ?” Une géo­po­li­tique évi­dente ici, mais igno­rée à Paris et encore plus dans la région concur­rente rho­da­nienne.
Une situa­tion que les qua­dras de Jean-Claude Gaudin, les nou­veaux dépu­tés PR n’acceptent pas. Ils viennent de créer un groupe de réflexion par­le­men­taire “Avenir de la Méditerranée”. À l’origine Willy Diméglio, dépu­té de l’Hérault rejoint par une ving­taine de ses col­lègues répu­bli­cains des deux régions médi­ter­ra­néennes. “Il faut que la France, explique Jean Roatta, dépu­té de Marseille, ait une poli­tique médi­ter­ra­néenne, qu’elle en fasse un impé­ra­tif stra­té­gique”. Les jeunes élus se sont répar­ti les devoirs de vacances : Jean-François Mattéï planche sur la san­té, Guy Tessier sur les rapa­triés et les har­kis, Roland Blum sur l’économie, Daniel Colin sur la défense, Jean Roatta sur les ports. Le groupe espère s’élargir au-delà du PR pour “faire sor­tir les dos­siers des tiroirs”.

Christian Apothéloz