Article paru dans le Nouvel Économiste.
Marseille sera-t-elle encore à l’écart des grands choix d’aménagement du territoire ? Les décideurs régionaux sont déçus des choix et de l’absence de choix concernant la métropole phocéenne.
En visite à Valabre, près d’Aix, à la Sécurité civile, Charles Pasqua avait laissé espérer le 3 juillet, la nomination d’un Monsieur Marseille qui débloquerait certains dossiers importants comme Euroméditerranée ou le TGV. Et puis Mende est passé. Avec ses contrats de plans étriqués, et une définition des régions qui classe Paca comme région riche, alors qu’elle est en tête des scores de chômage. Le pouvoir parisien semble loin, très loin des réalités provençales.
Pour faire le poids, Gilbert Jauffret, président de la Chambre régionale de commerce et d’industrie est allé voir Bernard Bosson, ministre de l’équipement et du tourisme, avec ses deux collègues du Grand Delta rhodanien, Yves Le Gaillard pour Rhône-Alpes et Henri Cassan de Languedoc-Roussillon. Le ministre écoute. Sans s’engager. Une heure avec les consulaires. Trois quarts d’heures, dix jours avant, avec les associations écologistes qui contestent le TGV. “La décision finale incombera au premier ministre” aurait déclaré Bernard Bosson aux contestataires. “Il y aura des arbitrages en septembre”, confirme Gilbert Jauffret. Sur le TGV, le ministre prend les précautions d’usage, mais il souhaite faire avancer le dossier, pour une ouverture de la ligne en 1999. Sur la poursuite de la liaison Rhin-Rhône, Bernard Bosson est plus frileux. Il parrainera néanmoins le colloque organisé à Besançon fin 93 par les six chambres consulaires régionales concernées. Quand aux percées alpines, rien ne presse. Bernard Bosson explore avec ses homologues italiens les coopérations possibles. Mais en Rhônalpin, il privilégie les liaisons du style Lyon-Turin au désenclavement du Midi.
D’où cette impression de malaise et d’incompréhension. “L’État a‑t-il un projet global d’aménagement pour notre région ? s’interroge Gilbert Jauffret. Quelle place aurons-nous en Europe sans voie de communication Est-Ouest et Nord-Sud ? Alors que notre réseau routier est saturé, tant vers Lyon que vers Nice, pourquoi ne débloque-t-on pas les dossiers du TGV, des percées alpines, de Rhin-Rhône ?” Une géopolitique évidente ici, mais ignorée à Paris et encore plus dans la région concurrente rhodanienne.
Une situation que les quadras de Jean-Claude Gaudin, les nouveaux députés PR n’acceptent pas. Ils viennent de créer un groupe de réflexion parlementaire “Avenir de la Méditerranée”. À l’origine Willy Diméglio, député de l’Hérault rejoint par une vingtaine de ses collègues républicains des deux régions méditerranéennes. “Il faut que la France, explique Jean Roatta, député de Marseille, ait une politique méditerranéenne, qu’elle en fasse un impératif stratégique”. Les jeunes élus se sont réparti les devoirs de vacances : Jean-François Mattéï planche sur la santé, Guy Tessier sur les rapatriés et les harkis, Roland Blum sur l’économie, Daniel Colin sur la défense, Jean Roatta sur les ports. Le groupe espère s’élargir au-delà du PR pour “faire sortir les dossiers des tiroirs”.
Christian Apothéloz