Article paru dans le Nouvel Économiste.
La richesse du secteur médical marseillais ne se remarquait jusqu’alors qu’au nombre de médecins entrés en politique, de Robert Vigouroux à Jean-François Matteï, de Renaud Muselier à Joseph Comiti en passant par Daniel Colin ou Raymond Sanguiollo.
Marseille fera plus et va construire une Villa Hippocrate consacrée à la biotique. Située le long du boulevard Baille, en pleine ville, à proximité des hôpitaux de la Timone et de la Conception, elle s’élèvera en 1995, sur neuf niveaux, selon un plan rectangulaire en caravansérail, dessinant une grande place arborée à la française. Sur 60 000 m², elle accueillera des activités publiques et privées liées à la biotique. Elle prend place au sein de ce qui sera dorénavant la Cité de la biotique et qui réunit les deux grands hôpitaux (2 700 lits) et les facultés de médecine, de pharmacie et d’odontologie (8 500 étudiants). Pour Michel Delaage, directeur scientifique d’Immunotech, ce projet doit “donner une visibilité internationale” aux compétences phocéennes.
Il était temps. Marseille regarde son secteur médical comme s’il s’agissait d’une maladie honteuse alors que 3 % de la population des Bouches du Rhône en vit. L’Assistance publique a beau rivaliser avec les hôpitaux de Lyon, employer 3000 médecins et 12 000 salariés, réaliser un chiffre d’affaires annuel de 5 milliards de francs, elle restait en marge des projets économiques régionaux. À tel point que Montpellier a ravi à Marseille l’image de cité médicale. Euromédecine, par exemple, attire dans la capitale du Languedoc tout le gratin des médias médicaux et audiovisuels, alors que les journées Marseille Médecine Méditerranée restent confidentielles.
Georges Merlhe, directeur de l’Assistance publique est sorti de son rôle de “soignant” pour jeter les ponts avec la Chambre de commerce d’un pôle Santé s’appuyant sur les 600 chercheurs de l’APM, du CNRS ou de l’Inserm.
Il prend forme avec la décision d’IBM d’implanter là son Centre de solution santé, chargé d’élaborer la stratégie du groupe en matière médicale, mais surtout avec le choix d’une société bio-pharmaceutique américaine de San Diégo, Genta de s’enraciner à Marseille. Thomas Adams, son Pdg est très clair, c’est la présence d’un potentiel scientifique important qui l’a décidé, mais surtout la proximité d’un outil hospitalier de 5000 lits lui permettant très vite de réaliser les essais cliniques de ses produits pharmaceutiques et de décrocher les AMM, les autorisations de mise en marché pour toute l’Europe. Gilbert Deleuil, directeur de Promotion 13 compte sur ce premier succès pour concrétiser des discussions en cours avec d’autres labos étrangers.
Christian Apothéloz