Le journaliste : enquêtes et reportages

Médiapôle Saint Césaire : La maison des “cartoon”

par | 15 mars 1998

Article paru dans le Nouvel Économiste.

Arles a choi­si l’image comme vec­teur de son redé­ploie­ment éco­no­mique. Et un lieu sym­bo­lique, le couvent Saint Césaire au cœur de la ville.

Césaire, évêque d’Arles en 502, grand théo­lo­gien qui domi­na toute l’église de Provence pen­dant 40 ans, aurait pré­fé­ré les va-et-vient de moniales dans ce cloître qu’il créa pour sa sœur. Aujourd’hui, la cel­lule de la mère supé­rieure est occu­pée par direc­tion de l’action éco­no­mique de la ville, au pre­mier étage tra­vaille un pro­vi­der et les locaux sont en cours de réno­va­tion pour accueillir leur pre­mier hôte, un stu­dio de pro­duc­tion de des­sins ani­més. Le pro­jet naî­tra à la char­nière des man­dats muni­ci­paux, entre Jean-Pierre Camoin et Michel Vauzelle, en 1988. Arles vit la fin de ses indus­tries tra­di­tion­nelles, ate­liers Sncf, méca­nique et chau­dron­ne­rie. Il lui faut un second souffle. L’image cultu­relle de la ville est forte. Les Rencontres de la pho­to, l’école natio­nale de la pho­to­gra­phie, des entre­prises comme Harmonia Mundi et les édi­tions Actes Sud, l’espace Van Gogh et le très cher, mais superbe Musée de l’Arles antique en sont les fleu­rons. Pour entrer dans la moder­ni­té, « la ville se doit de pas­ser de l’image fixe à l’image ani­mée », plaide Francis Aynaud, direc­teur de l’action éco­no­mique de la ville. Pas ques­tion d’exiler hors les murs cette nou­velle acti­vi­té. L’atout d’Arles, c’est son centre his­to­rique, clas­sé au patri­moine mon­dial, les arènes, les églises, le por­tail Saint Trophime. Coup de chance : les sœurs qui vivent au couvent Saint Césaire vont rece­voir une dona­tion inat­ten­due qui leur per­met de démé­na­ger dans un lieu plus appro­prié. Une oppor­tu­ni­té pour la ville. Leur couvent, à 200 mètres du théâtre antique, devien­dra donc média­pôle. Il s’agit d’une construc­tion du XIX° avec quelques traces de l’antique couvent de Sainte Césarie, la cha­pelle Sainte Blaise, un jar­din et un bal­con avec vue sur les ves­tiges romains. En 1996, la direc­tion de l’économie y emmé­nage, le Conseil géné­ral s’engage à le réha­bi­li­ter. En sep­tembre 1997, la ville décroche l’organisation du forum Cartoon, forum euro­péen de l’image ani­mée. C’est à cette occa­sion que Daniel Schwall, qui dirige les stu­dios Tex décide d’implanter une uni­té de pro­duc­tion en Arles. Dans ce métier, les don­neurs d’ordre sont pari­siens, et ils sont à la recherche de pres­ta­taires dis­po­nibles, créa­tifs et réac­tifs. La délo­ca­li­sa­tion de ces acti­vi­tés de pro­duc­tion, avec les moyens de télé­com­mu­ni­ca­tions actuels est pos­sible. « Nous pou­vons atti­rer en Arles, plus qu’ailleurs, des artistes, des créa­tifs qui choi­sissent la qua­li­té de vie et l’environnement. Et nous sommes très proches de Paris avec à moins de 50 minutes, quatre aéro­ports, Fréjorgues, Nîmes, Avignon, et Marignane », argu­mente Francis Aynaud.

Christian Apothéloz