Article paru dans le Nouvel Économiste.
Arles a choisi l’image comme vecteur de son redéploiement économique. Et un lieu symbolique, le couvent Saint Césaire au cœur de la ville.
Césaire, évêque d’Arles en 502, grand théologien qui domina toute l’église de Provence pendant 40 ans, aurait préféré les va-et-vient de moniales dans ce cloître qu’il créa pour sa sœur. Aujourd’hui, la cellule de la mère supérieure est occupée par direction de l’action économique de la ville, au premier étage travaille un provider et les locaux sont en cours de rénovation pour accueillir leur premier hôte, un studio de production de dessins animés. Le projet naîtra à la charnière des mandats municipaux, entre Jean-Pierre Camoin et Michel Vauzelle, en 1988. Arles vit la fin de ses industries traditionnelles, ateliers Sncf, mécanique et chaudronnerie. Il lui faut un second souffle. L’image culturelle de la ville est forte. Les Rencontres de la photo, l’école nationale de la photographie, des entreprises comme Harmonia Mundi et les éditions Actes Sud, l’espace Van Gogh et le très cher, mais superbe Musée de l’Arles antique en sont les fleurons. Pour entrer dans la modernité, « la ville se doit de passer de l’image fixe à l’image animée », plaide Francis Aynaud, directeur de l’action économique de la ville. Pas question d’exiler hors les murs cette nouvelle activité. L’atout d’Arles, c’est son centre historique, classé au patrimoine mondial, les arènes, les églises, le portail Saint Trophime. Coup de chance : les sœurs qui vivent au couvent Saint Césaire vont recevoir une donation inattendue qui leur permet de déménager dans un lieu plus approprié. Une opportunité pour la ville. Leur couvent, à 200 mètres du théâtre antique, deviendra donc médiapôle. Il s’agit d’une construction du XIX° avec quelques traces de l’antique couvent de Sainte Césarie, la chapelle Sainte Blaise, un jardin et un balcon avec vue sur les vestiges romains. En 1996, la direction de l’économie y emménage, le Conseil général s’engage à le réhabiliter. En septembre 1997, la ville décroche l’organisation du forum Cartoon, forum européen de l’image animée. C’est à cette occasion que Daniel Schwall, qui dirige les studios Tex décide d’implanter une unité de production en Arles. Dans ce métier, les donneurs d’ordre sont parisiens, et ils sont à la recherche de prestataires disponibles, créatifs et réactifs. La délocalisation de ces activités de production, avec les moyens de télécommunications actuels est possible. « Nous pouvons attirer en Arles, plus qu’ailleurs, des artistes, des créatifs qui choisissent la qualité de vie et l’environnement. Et nous sommes très proches de Paris avec à moins de 50 minutes, quatre aéroports, Fréjorgues, Nîmes, Avignon, et Marignane », argumente Francis Aynaud.
Christian Apothéloz