Le journaliste : enquêtes et reportages

Métropole : Zinzins unissez-vous !

par | 15 juillet 1993

Article paru dans le Nouvel Économiste.

Les inves­tis­seurs ins­ti­tu­tion­nels en région sont peu nom­breux. Et pour sub­sis­ter dans un uni­vers finan­cier sans par­don, l’union s’impose.

La Société de déve­lop­pe­ment régio­nal Méditerranée y est allée contrainte. L’an der­nier cette SDR dis­tri­buait encore des béné­fices, elle a, cette année, vidé son fond de garan­tie (41 MdF) et ins­crit 230 MF de sinistres, soit 10 % de son encours (deux mil­liards de francs). Les fonds propres sont donc pas­sés en des­sous du fameux ratio Cooke. Crise. Pas ques­tion de s’adosser au Crédit Lyonnais comme en Rhône-Alpes ou à la Caisse d’épargne comme en Languedoc. Les deux banques s’y sont refu­sées. C’est auprès d’une jeune socié­té de capital-risque, créée par le Conseil régio­nal, avec des finan­ce­ments euro­péens, Sud Capital, que Daniel Granjon, pré­sident de la SDRM trou­ve­ra son salut. Dotée de fonds propres consé­quents, abon­dés encore récem­ment de près de 20 MdF, struc­ture légère, Sud Capital a des réserves à peine enta­mées par ses pre­mières années d’activités.
Concrètement, les action­naires de Sud Capital vont appor­ter leurs actions à la SDR pour une aug­men­ta­tion de capi­tal, selon une pari­té à défi­nir : gros­so modo, une action SDR contre deux Sud Capital. La SDR, ain­si confor­tée, chan­ge­ra de nom, elle devien­dra hol­ding du nou­veau dis­po­si­tif, tan­dis que ses acti­vi­tés seront appor­tées à une filiale. La SDR new-look met­tra entre 15 et 20 % de son capi­tal en Bourse. Une usine à gaz un peu com­plexe pour mettre sur pied, selon Gérard Bodinier, direc­teur de Sud Capital, “un pôle signi­fi­ca­tif de finan­ce­ment du déve­lop­pe­ment des entre­prises régio­nales”. Une fusion qui sauve la Sdr, mais qui laisse encore de nom­breuses ques­tions en sus­pens : des équipes dis­pa­rates, 30 sala­riés à la Sdrm, 3 à Sud capi­tal, des acti­vi­tés d’intervention en haut de bilan qui se che­vauchent, et des fonds propres qui sont à peine au-dessus des 8 % requis. Les deux archi­tectes de cette fusion, Bernard Jacquier, conseiller régio­nal, avo­cat et homme de confiance de Jean-Claude Gaudin, Charles Milhaud, pré­sident du direc­toire de la Caisse d’épargne ont encore du pain sur la planche.
Le Groupe Prado, un “zin­zin” régio­nal de poids, (caisse de retraite, mutuelle, épargne sala­riale, pré­voyance) cou­vrant 600 000 per­sonnes dans le Grand Sud pra­tique lui, l’union tran­quille : il vient de s’associer avec son alter ego du Nord, le groupe Vauban. Les deux orga­nismes pari­taires ren­forcent ain­si leur cou­ver­ture natio­nale et prennent place par­mi les cinq pre­miers orga­nismes de retraite de France (sur 200). Au total, les deux groupes encaissent chaque année plus de 7 mil­liards de coti­sa­tions, ils sont pré­sents dans 150 000 entre­prises pour 1,3 mil­lion de béné­fi­ciaires ; ils emploient un mil­lier de per­sonnes dans 18 implan­ta­tions sur toute la France. Jacques Malaterre, direc­teur géné­ral du Groupe Prado et Jean-Bertrand Laroche, secré­taire géné­ral, arti­san de ce rap­pro­che­ment, étendent ain­si à tout le ter­ri­toire la zone d’activité de leur fond d’épargne et ouvrent leur offre vers les cadres.

Christian Apothéloz