Article paru dans le Nouvel Économiste.
Les investisseurs institutionnels en région sont peu nombreux. Et pour subsister dans un univers financier sans pardon, l’union s’impose.
La Société de développement régional Méditerranée y est allée contrainte. L’an dernier cette SDR distribuait encore des bénéfices, elle a, cette année, vidé son fond de garantie (41 MdF) et inscrit 230 MF de sinistres, soit 10 % de son encours (deux milliards de francs). Les fonds propres sont donc passés en dessous du fameux ratio Cooke. Crise. Pas question de s’adosser au Crédit Lyonnais comme en Rhône-Alpes ou à la Caisse d’épargne comme en Languedoc. Les deux banques s’y sont refusées. C’est auprès d’une jeune société de capital-risque, créée par le Conseil régional, avec des financements européens, Sud Capital, que Daniel Granjon, président de la SDRM trouvera son salut. Dotée de fonds propres conséquents, abondés encore récemment de près de 20 MdF, structure légère, Sud Capital a des réserves à peine entamées par ses premières années d’activités.
Concrètement, les actionnaires de Sud Capital vont apporter leurs actions à la SDR pour une augmentation de capital, selon une parité à définir : grosso modo, une action SDR contre deux Sud Capital. La SDR, ainsi confortée, changera de nom, elle deviendra holding du nouveau dispositif, tandis que ses activités seront apportées à une filiale. La SDR new-look mettra entre 15 et 20 % de son capital en Bourse. Une usine à gaz un peu complexe pour mettre sur pied, selon Gérard Bodinier, directeur de Sud Capital, “un pôle significatif de financement du développement des entreprises régionales”. Une fusion qui sauve la Sdr, mais qui laisse encore de nombreuses questions en suspens : des équipes disparates, 30 salariés à la Sdrm, 3 à Sud capital, des activités d’intervention en haut de bilan qui se chevauchent, et des fonds propres qui sont à peine au-dessus des 8 % requis. Les deux architectes de cette fusion, Bernard Jacquier, conseiller régional, avocat et homme de confiance de Jean-Claude Gaudin, Charles Milhaud, président du directoire de la Caisse d’épargne ont encore du pain sur la planche.
Le Groupe Prado, un “zinzin” régional de poids, (caisse de retraite, mutuelle, épargne salariale, prévoyance) couvrant 600 000 personnes dans le Grand Sud pratique lui, l’union tranquille : il vient de s’associer avec son alter ego du Nord, le groupe Vauban. Les deux organismes paritaires renforcent ainsi leur couverture nationale et prennent place parmi les cinq premiers organismes de retraite de France (sur 200). Au total, les deux groupes encaissent chaque année plus de 7 milliards de cotisations, ils sont présents dans 150 000 entreprises pour 1,3 million de bénéficiaires ; ils emploient un millier de personnes dans 18 implantations sur toute la France. Jacques Malaterre, directeur général du Groupe Prado et Jean-Bertrand Laroche, secrétaire général, artisan de ce rapprochement, étendent ainsi à tout le territoire la zone d’activité de leur fond d’épargne et ouvrent leur offre vers les cadres.
Christian Apothéloz