Le journaliste : enquêtes et reportages

Pôle de compétitivité : le réveil de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur

par | 22 juin 2005

Article paru dans La Lettre de l’Institut euro­mé­di­ter­ra­néen des médias.

L’appel à pro­jets lan­cé par l’État pour la défi­ni­tion de pôles de com­pé­ti­ti­vi­té a ren­con­tré dans notre région un suc­cès ines­pé­ré. Une dou­zaine de dos­siers ont été remis au Préfet dans des domaines aus­si variés que la fleur cou­pée ou la puce électronique.

Dans notre région, les indus­triels avaient la mau­vaise habi­tude de jouer solo. Chaque ter­ri­toire regrou­pé au pied de ses orga­ni­sa­tions pro­fes­sion­nelles locales défend ses pré­ro­ga­tives, avec ses élus en rangs ser­rés. L’Estérel reste une muraille de Chine et les fron­tières dépar­te­men­tales des octrois infran­chis­sables. La région est comme son dra­peau : un patch­work. Et pour­tant l’appel à pro­jets de l’État sur les pôles de com­pé­ti­ti­vi­té a fait explo­ser les fron­tières tra­di­tion­nelles. Paca avec sa dou­zaine de pro­jets arrive en troi­sième posi­tion der­rière Paris et Lyon. La ques­tion était à la fois simple et com­plexe : « présentez-nous des pôles d’activité capables de jouer en divi­sion euro­péenne ». Il fal­lait donc s’allier et trou­ver des par­te­naires dans la région d’origine voire dans les régions voi­sines ou cou­sines. La fleur cou­pée varoise ou la cité numé­rique d’Arles, orphe­lins des autres pôles, auront peu de chances. Ils ont plus la dimen­sion d’un clus­ter, un sys­tème pro­duc­tif local, que d’un pôle euro­péen. Par contre le pôle micro­élec­tro­nique solu­tions com­mu­ni­cantes sécu­ri­sées a tou­jours annon­cé la cou­leur : pas ques­tion de se battre contre Grenoble qui a un vrai poten­tiel, mais le Sud est com­plé­men­taire des Alpes par ses acti­vi­tés dans la puce, le logi­ciel et les télé­com­mu­ni­ca­tions. Des alliances plus larges se nouent avec le pôle pari­sien et le pôle ren­nais. Même démarche pour la pho­to­nique, l’optique et l’imagerie. Depuis l’origine du regrou­pe­ment Pop Sud, Jacques Boulesteix, l’initiateur du pro­jet, a tou­jours pri­vi­lé­gié les rela­tions équi­li­brées avec des par­te­naires tou­lou­sains ou parisiens.

Des projets collaboratifs d’abord !

Les offres les plus solides émanent natu­rel­le­ment des filières déjà orga­ni­sées et ayant des habi­tudes de coopé­ra­tion. C’est le cas avec la micro­élec­tro­nique qui s’appuyant sur le Cremsi a su mettre en place un pro­gramme de recherche-développement de plus de cent mil­lions d’euros sur trois ans finan­cés à 50/50 par le pri­vé et le public. Toulon Var tech­no­lo­gie a pré­sen­té aus­si un dos­sier solide sur les indus­tries liées à la mer, le Vaucluse, et plus pré­ci­sé­ment Avignon, (sou­te­nu par son maire ministre) a joué l’agroalimentaire des fruits et légumes sans y asso­cier les capa­ci­tés de trans­for­ma­tions qui sont plu­tôt bucho­rho­da­niennes. Bioméditerranée a reçu son bap­tême du feu don­nant nais­sance au pro­jet Innovation thé­ra­peu­tique, mais dans un uni­vers très concur­ren­tiel : une quin­zaine de régions concourent dans cette caté­go­rie. Enfin, l’émergence de pro­jets jusque-là mécon­nus, à l’initiative du CEA de Cadarache ou de l’Europole de l’Arbois, a sur­pris les observateurs.

Mais que font les Chambres de commerce et d’industrie ?

Les pro­jets sont por­tés par des orga­nismes très diver­si­fiés : asso­cia­tions pro­fes­sion­nelles comme le Cremsi ou Popsud, branches pro­fes­sion­nelles, col­lec­ti­vi­tés locales… Le tout avec le sou­tien de la Mder, la Mission de déve­lop­pe­ment régio­nal, de Méditerranée Technologie et des ser­vices de l’État. Un grand absent dans ce concert ins­ti­tu­tion­nel : les chambres de com­merce, comme si les indus­triels n’avaient pas osé déran­ger ces vieilles dames avec des dos­siers aus­si urgents. Où est le temps où Henry Mercier, alors pré­sident de la CCI de Marseille des­si­nait le pre­mier contour de ce qui devien­dra Euroméditerranée ? Absentes aus­si, cer­taines branches indus­trielles qui comptent comme la chi­mie et la pétro­chi­mie, la sidé­rur­gie et l’agroalimentaire de trans­for­ma­tion. Nous avons les usines, les mana­gers, mais peu de recherche et peu de for­ma­tion. Dommage. Le minis­tère de l’industrie va faire son tri. Des regrou­pe­ments inter­ré­gio­naux sont pré­vus, des rap­pro­che­ments régio­naux sont sou­hai­tés. Le Conseil régio­nal qui s’est for­te­ment impli­qué dans la démarche s’est enga­gé lui à sou­te­nir toutes les initiatives.

Une prime fiscale aux zones surdouées ?

Cet appel à pro­jet a réveillé des forces de concep­tion et d’action insoup­çon­nées. La carotte fis­cale a joué un rôle. Le CIADT, le Comité inter­mi­nis­té­riel d’aménagement et de déve­lop­pe­ment du ter­ri­toire, avait pro­mis « des exo­né­ra­tions d’impôt sur les socié­tés et des allé­ge­ments de charges sociales aux entre­prises par­ti­ci­pant à des pro­jets de R & D col­la­bo­ra­tifs ». Cette défis­ca­li­sa­tion annon­cée pré­sente un risque de dés­équi­libre. Un grand groupe choi­si­ra par exemple de favo­ri­ser la recherche dans la région défis­ca­li­sée au détri­ment d’une autre implan­ta­tion. Les mesures fis­cales étaient jusque-là des­ti­nées aux zones défa­vo­ri­sées. Pour la pre­mière fois, on offre une prime fis­cale aux zones sur­douées. Pas sûr que ce soit pro­duc­tif et que l’on ne retrouve pas les logiques qui avaient pro­duit « le désert fran­çais ». Par contre la foca­li­sa­tion des aides et sou­tiens sur les pro­jets col­la­bo­ra­tifs est une superbe inci­ta­tion à sor­tir de la bun­ké­ri­sa­tion des ter­ri­toires, le sou­tien à l’animation de filières, clus­ters et tech­no­poles est un levier effi­cace pour struc­tu­rer le ter­ri­toire et enra­ci­ner les acti­vi­tés pro­duc­trices de valeur, donc d’emploi.

Christian Apothéloz

Résumé de la politique de confidentialité
Logo RGPD GDPR compliance

Ce site utilise des cookies afin que nous puissions vous fournir la meilleure expérience utilisateur possible. Les informations sur les cookies sont stockées dans votre navigateur et remplissent des fonctions telles que vous reconnaître lorsque vous revenez sur notre site Web et aider notre équipe à comprendre les sections du site que vous trouvez les plus intéressantes et utiles. Ces informations restent cependant anonymes, conformément au règlement sur la protection des données.
Voir notre politique de confidentialité

Cookies strictement nécessaires

Cette option doit être activée à tout moment afin que nous puissions enregistrer vos préférences pour les réglages de cookie.

Statistiques anonymes Google Analytics

Ce site utilise Google Analytics pour collecter des informations anonymes telles que le nombre de visiteurs du site et les pages les plus populaires.
Garder ce cookie activé nous aide à améliorer notre site Web.