Cet entrepreneur, enseignant, banquier, militant d’une relation neuve avec l’Afrique invite à « changer de lunettes » en s’accordant sur l’importance du collectif et de l’interdépendance
Nous vivons une crise, née de faiblesses qui s’exposent en pleine lumière, au risque de nous aveugler. Selon l’adage bien connu, il est difficile de faire des prévisions… surtout quand elles concernent l’avenir ! Mais nous pouvons nous attacher à rendre possible notre futur. En effet, si nous n’avons pas les réponses, nous disposons clairement des questions qui devront trouver des solutions dans les mois et années qui viennent… Comment transformer une finance internationale stérile qui n’est mue que par l’appât du gain ou la peur, comment concilier écologie et économie, comment confirmer la nécessité du profit tout en acceptant que sa meilleure redistribution soit la condition de son maintien, comment dissocier une croissance nécessaire et la fin de la consommation destructrice, comment affirmer une nouvelle mobilité économique, culturelle et formatrice, dégagée de la futilité consommatrice de l’extrême « low-cost », comment construire de nouvelles solidarités intra et intersociétales, conditions impératives de notre survie, comment rétablir multilatéralisme et mutualisation dont la subsidiarité et l’équilibre soient les ressorts… ? Nous ne pourrons trouver les réponses sans « changer de lunettes », comme nous y invite le sociologue Rachid Benzine. Nous ne pourrons avancer en poursuivant une réflexion formatée dont nous avons atteint les limites. Il nous faut construire un nouvel environnement, et non pas reconstruire l’ancien. Augmenter la dimension d’un tuyau percé ne peut qu’augmenter les fuites ! Ces considérations s’appliquent à tous, en particulier à l’Europe comme au continent africain. Nous sommes tous sur le même bateau, la même planète. Les enjeux sont globaux et le « myself first » est une folie suicidaire. Nous menons « une guerre mondiale qui se caractérise par le fait que nous sommes tous du même bord », nous rappelle Bill Gates. Cette guerre a deux ennemis, dont la victoire serait terrible : – la destruction de notre environnement, qui rendrait la vie impossible – la montée des inégalités, qui la rendrait insupportable. Et nous serons tous « invités au banquet des conséquences » ! On ne peut pas être prospère au milieu de pauvres ! Il ne sert à rien de l’être sur un tas de gravats ! Cette crise nous rappelle l’importance du collectif, de la proximité et de l’interdépendance, la nécessité d’une vision à long terme, libérée de la dictature mortifère des réactions à court terme. Il y a trop d’urgence pour être pressés.
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Présenté par Christian Apothéloz, Dominique Mucchielli