Il venait de Rouen, il était né à Bihorel en 1946, mais il avait adopté la région, Toulon puis Marseille. Il a fait une carrière d’universitaire, de chercheur et d’élu avec toujours beaucoup de recul, beaucoup d’humour, de curiosité et beaucoup d’exigence. Son premier engagement est au PSU, il est certes attiré par Michel Rocard, mais il fait partie d’un des multiples courants de son opposition, la Gauche ouvrière et populaire. Il rejoint le parti socialiste dans les années quatre-vingt.
Il est proche de Christian Goux comme professeur qui dirige sa thèse en 1977 sur « Prospective et conjoncture – Étude méthodologique » et comme élu, député et maire de Bandol, lorsqu’il était président de la Commission des finances, de l’économie et du plan de l’Assemblée nationale (1981–1986).
À Marseille, il fut engagé auprès de Philippe San Marco au sein du PS, il écrit avec l’élu marseillais deux ouvrages fondateurs et critiques : Marseille, l’endroit du décor, paru chez Edisud en 1985 et Marseille, l’état du futur toujours chez Edisud en 1988.
Il se rapproche de Michel Vauzelle dans le cadre de la Fondation Sud et lorsque l’ancien porte-parole de l’Élysée est élu à la Région, il devient son directeur de cabinet de 1998 à 2001. Il inaugure la nouvelle mandature en 99 avec un exercice citoyen inédit de prospective partagée avec des débats ouverts et documentés dans les six départements sur l’horizon 2020.
En 2008, il décide de passer de l’autre côté du miroir et quitte sa posture de conseiller, d’intellectuel pour se présenter aux élections. Il est élu à Marseille et à la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole. En 2010, il fait partie de la liste Vauzelle aux régionales et deviendra vice-président en charge de l’économie.
Lui qui avait travaillé sur le « système industrialo portuaire marseillais” que le sociologue Michel Péraldi salue comme « un des plus pertinents et des plus lucides travaux sur l’évolution de l’économie marseillaise » était heureux et fier de siéger au Conseil du Port et de présider même brièvement Euroméditerrranée en 2014 et 2015.
L’économiste avait très vite porté son attention sur la région, même s’il était capable, avec malice de produire une étude sur le marché mondial des stupéfiants en 1994 (Le marché des drogues, Édition de l’Aube).
Il fut très actif aux côtés de Robert Ilbert à la Maison méditerranéenne des sciences de l’homme qu’il a dirigée de 2004 à 2010 et il a initié les réflexions partagées sur la ville en Méditerranée qui donneront naissance à ce qu’est devenu l’Avitem.
Il fut de 1991 à 1995 l’animateur interrégional (Provence-Alpes-Côte d’Azur, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées) de la prospective pour la Datar et un membre actif, écouté, constructif (et polémique) du Club d’échanges et de réflexions sur l’aire métropolitaine marseillaise.
Il est selon Wikipédia l’auteur ou coauteur de 17 ouvrages et d’une centaine d’articles dont :
- Le socialisme : l’idée s’est-elle arrêtée en chemin, L’Harmattan, Paris, 2008
- Du Savon à la puce – L’industrie marseillaise du XVIIe siècle à nos jours
- Dynamique de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, (avec Philippe Langevin et Mireille Pile) Les Hommes, L’économie, Le Territoire aux Éditions de l’Aube, 2002
- Marseille, naissance d’une métropole, Harmattan, 1998
Barnard Morel est décédé des suites d’un cancer le 28 janvier 2022 dans sa 73 ème année.