Le journaliste : portraits

Jacques Pfister, a fait rougir Orangina

par | 03 avril 1997

Article paru dans Le Nouvel Economiste.

Jacques Pfister est l’homme du rouge. Un nou­veau pro­duit chez Orangina qui dépasse toutes les pré­vi­sions. Plus de 20 mil­lions de litres ven­dus en huit mois. Dans un mar­ché glo­bal en baisse de 2 % à 3 %, le suc­cès du rouge a per­mis à la marque de res­ter stable avec un chiffre d’af­faires de 1,5 mil­liard de francs.
Il fal­lait lan­cer un nou­veau pro­duit, mais en gar­dant les points clés d’Orangina : l’Orange, la pulpe, la bou­teille, le nom.
 
Les ados qui boudent la bou­teille jaune, la lais­sant aux petits frères, étaient la cible, une cible sen­sible, très convoi­tée.
 
Jacques Pfister a su trou­ver le ton, pro­vo­ca­teur, dévas­ta­teur devrait-on dire cer­tai­ne­ment parce qu’il reste “dans le coup” grâce à ses deux fils de 13 et 17 ans. Ils ont les pre­miers tes­tés le rouge. Puis il a su convaincre, c’é­tait cer­tai­ne­ment plus déli­cat, son Pdg, Patrick Ricard.
 
Il n’é­tait pas facile pour un ingé­nieur des mines, même diplô­mé de l’Insead, de se tailler une place dans une socié­té où la magie du pro­duit joue un rôle essen­tiel. Si Jean-Claude Béton, a quit­té la socié­té depuis 11 ans, il a lais­sé une marque forte. Cette petite bou­teille ronde qu’il a rame­née d’Afrique du Nord devait évo­luer mais sans perdre son âme.
 
Entré chez Orangina depuis 1990, Jacques Pfister a su trou­ver le pro­duit suf­fi­sam­ment proche pour gar­der le même nom et suf­fi­sam­ment dif­fé­rent pour tou­cher un nou­veau mar­ché. Il s’a­git cer­tai­ne­ment d’un des meilleurs coup mar­ke­ting de l’an­née.
Jacques Pfister est un réac­tif, il a pris dans le sport, le foot et le ten­nis hier, le golf aujourd’­hui le goût du jeu et de l’ef­fort.
 
Gaucher, il sait tra­duire les impul­sions du cer­veau droit, celui des émo­tions dans des choix stra­té­giques, regar­dés de près par le cer­veau gauche.
 
Fils d’un mili­taire alsa­cien et d’une mère Corse, se sent natu­rel­le­ment bien en Provence.
Certains lui prêtent un grand ave­nir au sein du groupe Pernod-Ricard… Lui reste pru­dent. Il veut conso­li­der son nou­veau pro­duit, avant de pas­ser à autre chose.

Christian Apothéloz