En 2001, avec un jury de journaliste, nous élisions Joseph Perez, président du directoire de la Société marseillaise de crédit (SMC), homme de l’année du Nouvel économiste.
Pourquoi donner un prix à Joseph Perez ?
Peut-être parce que dans l’histoire de la banque française, il a réalisé un parcours unique. Il est le seul à avoir succédé deux fois à deux P.-D.G. successif dans deux banques différentes et dans l’ordre. Et ces deux prédécesseurs étaient tous les deux, des proches de deux présidents de la République. Ça ne s’invente pas.
L’histoire économique a parfois de l’humour. Mais ce n’est pas un prix d’humour que nous avons décerné.
Joseph Perez est un des rares nominés à avoir fait l’unanimité du jury dès que son nom a été prononcé. Je crois que seul Marc Lassus s’était imposé avec une telle évidence.
Nous apprécions chez lui, outre son accueil toujours chaleureux, son professionnalisme et sa franchise.
Avouons que l’on nous a beaucoup raconté d’histoires dans les murs de la rue Paradis. La SMC était en bonne santé, puis elle devait se redresser dans les six mois, puis dans les six mois suivants, etc.… puis elle fut condamnée.
Joseph Perez fut plus prudent et il a pu nous annoncer chiffres en main, il y a quinze jours, que la banque marseillaise avait retrouvé son milliard de PNB et commençait à dégager de petits bénéfices.
Cette franchise fait partie de son métier de banquier
Et pourtant, lorsqu’il a son diplôme de droit, à Lyon, il rêve de devenir avocat ou journaliste. Il entrera au CCF et y fera toute sa carrière à Lyon, Grenoble, Paris, et Avignon où il reprend les rênes de la banque Chaix en 1990. Nationalisée, puis privatisée, l’établissement avignonnais a besoin de retrouver ses valeurs. Joseph Perez effectue un redressement remarquable.
En s’appuyant sur les hommes, en notabilisant ses chefs d’agences, en participant à la vie locale, en s’engageant pour l’emploi dans les groupements d’employeurs, en s’engageant pour le Grand Avignon.
La petite banque Chaix devient la plus rentable des banques de la région.
Parce qu’il accorde plus d’importance à la relation avec le client qu’aux performances techniques, il suit le dossier de la SMC et incite le CCF à se porter candidat à la reprise. Son diagnostic est clair : « Il y a un nom, un réseau, un fonds de commerce, une clientèle d’une rare fidélité. ». Et par un concours de circonstances inattendu, la SMC revient au CCF.
La banque phocéenne est alors dans une situation dramatique. Les experts promettent un millier de licenciements pour la remettre à flot.
Joseph Perez applique la méthode Perez
n discours de vérité : la banque ne peut continuer comme avant, mais surtout un pari sur les hommes. Le redressement de la SMC sera le fruit des salariés de la SMC. Toute la banque est réorganisée, service par service, avec des méthodes, et une priorité : comment apporter un meilleur service au client. Et un parti pris : « faire avec les gens en place ». Il faudra en fait deux ans pour remettre la banque sur ses rails avec un plan qui a coûté 290 MF et 25 % de baisse des effectifs. Mais le résultat est là. Le réseau a retrouvé sa rentabilité. La méthode Perez marche. Au fait, c’est quoi cette méthode ? Lui répond « La rigueur et l’exemplarité ».
J’ajouterai l’art et le goût de parler, et de parler vrai, un sens de l’oral qu’il doit certainement à ses origines méditerranéennes.
Notre homme de l’année est un andalou né quelque part près d’Oran, il est devenu un vrai marseillais.
Lire l’article de Christian Apothéloz paru dans le Nouvel Economiste en mars 2001
Article dans sa version envoyée au Nouvel économiste en mars 2001.