Le journaliste : portraits

Le père des écoles de la 2e chance, l’économiste, le méditerranéen du Luxembourg, l’ami Jean-Louis Reiffers, est décédé

par | 23 février 2025

Le plus médi­ter­ra­néen des Luxembourgeois (il avait reçu les insignes d’Officier de l’Ordre de mérite du Grand-Duché de Luxembourg), l’économiste Jean-Louis Reiffers-Masson de son vrai nom, est décé­dé le 31 jan­vier 2025 à l’âge de 84 ans. Ses obsèques ont eu lieu à Jouques sa com­mune de rési­dence le 7 février.

Je fis sa connais­sance en 1986 lorsque je diri­geais le cahier de busi­ness de l’é­phé­mère Hebdomadaire fon­dé par Michel Pezet et que le pro­fes­seur de finances inter­na­tio­nales qu’il était four­nis­sait une chro­nique à ce superbe média… qui ne dure­ra que 10 semaines. Toujours trop long, un peu abs­cons, le papier était pas­sé à la mou­li­nette de ma secré­taire de rédac­tion, Anne Françoise Robert qui en fai­sait mira­cu­leu­se­ment un article lisible et clair sur l’économie mon­diale. À ce moment, est née une rela­tion de confiance et de com­pli­ci­té qui ne s’est jamais démentie.

Agrégé, doc­teur d’État, au com­men­ce­ment de sa car­rière, Jean-Louis Reiffers s’est prin­ci­pa­le­ment pré­oc­cu­pé de finances, d’études inter­na­tio­nales et d’en­sei­gne­ment. Il devient doyen de la facul­té de sciences éco­no­miques, (1974–1977), « doyen rouge » diront ses oppo­sants, puisque l’é­co­no­mie est alors divi­sée entre Aix et Marseille, entre les ultra­li­bé­raux aixois et les key­né­siens mar­seillais. Il est élu vice-président de l’Université Aix Marseille II (1974–1978). Il dirige le Cefi, le Centre d’é­tudes et de finances inter­na­tio­nales, uni­té mixte du CNRS, logé dans une bas­tide antique du Pays d’Aix. Il est un ensei­gnant exi­geant, rigou­reux, appré­cié pour sa per­ti­nence et la pro­fon­deur de ces ana­lyses, une réfé­rence ; il publie et écrit des ouvrages scien­ti­fiques : Économie et finance inter­na­tio­nales chez Dunod en 1982, Sociétés trans­na­tio­nales et déve­lop­pe­ment endo­gène en 1981.

Dialogue Semaien éco 2008 46
En 2008, l’auteur de cette nécro­lo­gie anime une table ronde à l’occasion des semaines éco­no­miques de la Méditerranée sur Radio Dialogue repré­sen­tée par Frédéric Banegas à gauche, avec Jean Louis Reiffers, Jean Marc Aveline qui dirige alors l’Institut catho­lique de la Méditerranée : éthique, entre­prise et Méditerranée sont en débat © DR

Il se foca­lise sur la Méditerranée au milieu des années quatre-vingt en ana­ly­sant ce que l’Alena la zone de libre-échange qui inclut le Mexique et les États-Unis pro­duit comme déve­lop­pe­ment. L’homme du Nord s’in­té­resse alors plus for­te­ment au sud et il voit dans l’es­pace médi­ter­ra­néen la pos­si­bi­li­té d’une ouver­ture que les accords de Barcelone laissent espé­rer. « L’économie mon­diale s’articule autour de grandes régions. Pour exis­ter sur un plan éco­no­mique et donc social, les­dites régions doivent s’intégrer pro­gres­si­ve­ment, en élar­gis­sant et en ren­for­çant leurs rela­tions entre elles « disait-il. La Méditerranée devient le centre de ses tra­vaux. Il fonde l’Institut de la Méditerranée à Marseille, en concur­rence fron­tale avec Barcelone, en met­tant à éga­li­té autour de la table, la région, la ville et la chambre de com­merce pour un bud­get consé­quent. Puis il fon­de­ra avec l’Economic Research Forum du Caire, le Forum euro­mé­di­ter­ra­néen des ins­ti­tuts de sciences éco­no­miques (FEMISE) qui réunit les meilleurs éco­no­mistes du bas­sin médi­ter­ra­néen de 85 ins­ti­tuts, enga­gés dans une pro­duc­tion intel­lec­tuelle qui éclaire les réa­li­tés de ter­rain afin de tra­cer des pers­pec­tives pour un monde poli­tique qui a du mal à suivre ces esprits pionniers.

Analyste de la géo­po­li­tique autant que de l’é­co­no­mie, il inves­tit les lieux de pou­voir l’OCDE, l’Unesco, la Banque mon­diale, l’Union euro­péenne, des pays afri­cains ou latino-américains, l’Algérie. Homme de pou­voir, mais homme de l’ombre, il veut, fort de sa com­pé­tence éco­no­mique et poli­tique faire bou­ger les lignes. En 1991 il est nom­mé conseiller pour l’éducation et la for­ma­tion auprès d’Édith Cresson et il la sui­vra à Bruxelles. Il pré­side le Groupe de réflexion sur l’éducation et la for­ma­tion en 1995, il tient la plume du Livre blanc euro­péen « Enseigner et apprendre, vers la socié­té cog­ni­tive » un rap­port fon­da­teur et il est l’auteur du rap­port « Accomplir l’Europe par l’éducation et la for­ma­tion » en 1996–1997. Il a été asso­cié à l’élaboration d’un pro­jet euro­péen pour la Présidence luxem­bour­geoise du Conseil de l’Union euro­péenne en 2015 sur l’emploi et la for­ma­tion des jeunes dans les pays du Maghreb.

C’est de ce lieu de pou­voir qu’il for­ma­lise le concept euro­péen des écoles de la 2e chance et qu’il déploie­ra une éner­gie sans bornes pour inau­gu­rer celle de Marseille en réa­li­sant l’incroyable alliance entre Édith Cresson, Jean-Claude Gaudin et la Chambre de com­merce. Il en sera long­temps un actif président.

Résumé de la politique de confidentialité
Logo RGPD GDPR compliance

Ce site utilise des cookies afin que nous puissions vous fournir la meilleure expérience utilisateur possible. Les informations sur les cookies sont stockées dans votre navigateur et remplissent des fonctions telles que vous reconnaître lorsque vous revenez sur notre site Web et aider notre équipe à comprendre les sections du site que vous trouvez les plus intéressantes et utiles. Ces informations restent cependant anonymes, conformément au règlement sur la protection des données.
Voir notre politique de confidentialité

Cookies strictement nécessaires

Cette option doit être activée à tout moment afin que nous puissions enregistrer vos préférences pour les réglages de cookie.

Statistiques anonymes Google Analytics

Ce site utilise Google Analytics pour collecter des informations anonymes telles que le nombre de visiteurs du site et les pages les plus populaires.
Garder ce cookie activé nous aide à améliorer notre site Web.